Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême, évoque le trésor de la cathédrale à partir du Livre de l’Apocalypse
“Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur” ( Luc 12, 34)
« La ville d’Angoulême peut s’enorgueillir de ce joyau de l’architecture romane qui trône sur son Plateau. Protégée par les remparts de la ville, la cathédrale a traversé les siècles et continue à livrer son message et à encourager les croyants, les chercheurs de sens et les artistes. Le message se précise avec un trésor exposé au public.
“En esprit l’ange m’emporta sur une haute montagne. Il me montra la Ville Sainte qui descendait du Ciel d’auprès de Dieu : son éclat était celui d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin… Les fondations de la muraille de la Ville sont ornées de toutes sortes de pierres précieuses. La première fondation est de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d’émeraude…” (Apocalypse 21, 10 ;19). C’est ainsi que dans la Bible, le minéral lui-même est appelé par l’intervention de l’homme à exprimer sa dévotion, sa louange au Créateur et à introduire l’artiste dans un mystère qui n’est pas obscur et incompréhensible mais toujours plus large que les limites de la raison humaine.
Évoquer le trésor de la cathédrale, c’est inviter à visiter l’édifice et à se laisser toucher par la pureté de ses lignes. C’est inviter à pénétrer plus en profondeur sans rester à la surface du cœur pour découvrir ce qui a été rassemblé et mis en valeur pour révéler le sens : la signification de lieux et leur orientation.
Un chemin s’ouvre, qui se gravit et révèle son but à celui qui se laisse surprendre et enseigner. Dans une élévation progressive en trois salles, est proposée une conversion des ténèbres vers la lumière, de l’aride vers l’abondance, du limité vers l’infini… Ce n’est pas la valeur marchande qui prime mais les valeurs de beauté, de chaleur, d’amour qui ont animés des commanditaires, des mystiques, des artistes : architectes, tisserands, orfèvres, sculpteurs… Le témoignage donné est celui de la dévotion, de l’émerveillement, de la générosité : du Beau au service du Vrai.
L’art contemporain avec Mr Othoniel prend le relais avec talent en s’offrant une alliance avec le passé pour servir des œuvres toujours actuelles et désormais nouvelles. Les pierres sont vivantes et racontent l’histoire, les objets veulent vivre et servir, les statues sont là pour nous montrer la place de l’homme dans la création. Le tout nous est proposé aujourd’hui avec audace pour un ravissement des yeux et de l’âme. “C’est la beauté qui sauvera le monde”.
La salle supérieure est une ouverture sur l’essentiel : le vitrail rend visible le rassemblement des hommes vu d’en haut et une porte est résolument ouverte vers le Ciel… Nous avons un avenir !
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette entreprise audacieuse où culture, religion et art ont su si bien collaborer ensemble pour un résultat saisissant.
Héritiers d’un trésor, nous avons la responsabilité de le développer et de le transmettre vivant. »
Mgr Gosselin, évêque d’Angoulême