Repères fondamentaux de l’Aumônerie de l’Enseignement Public
« La tâche propre de l’Aumônerie de l’Enseignement Public est d’assurer une présence d’Eglise auprès des jeunes scolarisés dans les lycées et les collèges de l’enseignement public, au service de leur croissance humaine et spirituelle et de la découverte de l’Evangile de Jésus-Christ. »
Les Aumôneries de l’Enseignement Public,
constituées en communautés d’Eglise,
sont envoyées vers des jeunes scolarisés dans les collèges et lycées publics.
Pour annoncer Dieu qui se donne,
responsables et animateurs font l’expérience
qu’il importe d’accompagner les adolescents dans leurs cultures
et de leur permettre d’être acteurs.
Vivre cette mission transforme en profondeur ceux qui s’y engagent
Objectif
Face aux évolutions de la société et de la vie de l’Eglise dans les diocèses, est apparue la nécessité de travailler sur les repères fondamentaux qui caractérisent la mission de l’aumônerie de l’enseignement public aujourd’hui et ses différentes mises en œuvre. Pour réaliser un tel objectif, il a paru nécessaire de partir des pratiques propres aux aumôneries locales pour en comprendre les composantes et la pertinence et ainsi analyser par quoi passe le savoir-faire propre aux aumôneries de l’enseignement public.
Méthode
Pour ce faire, une démarche en trois temps a été conçue réalisée :
Elaboration d’une grille d’analyse des pratiques, en balayant l’ensemble des différents domaines qui contribuent à la vie et à la croissance des jeunes (session nationale d’octobre 2008)
Analyse des pratiques faites au sein des aumôneries locales ou diocésaines (185 réponses reçues)
(janvier-mai 2009)
A partir de cet ensemble, rédaction du texte « Repères fondamentaux de l’Aumônerie de l’Enseignement Public » avec tous les diocésains de l’AEP.
(session nationale octobre 2009)
Statut du texte
Ce texte, adossé à des pratiques largement inspirées par le Texte national pour l’orientation de la catéchèse, est un outil de travail destiné à permettre aux équipes diocésaines ou aux équipes locales des aumôneries de bâtir leur projet d’aumônerie à la lumière des orientations diocésaines pastorales et catéchétiques.
Cet outil de travail pourra également aider à vérifier et relire le projet de l’aumônerie.
De même, il pourra servir à mieux faire connaître la vie des aumôneries, pour l’appel des responsables et animateurs, ainsi que dans le cadre ecclésial.
Ce texte est une base : il appartient de l’ajuster à la réalité propre de votre diocèse ou à tout autre objectif que l’objectif initial.
Octobre 2009
1- Constitués en communautés d’Eglise
Nourries de la communion ecclésiale
Notre expérience nous dit que les aumôneries, quelles que soient leurs conditions concrètes d’implantation, sont des communautés chrétiennes de proximité. Elles sont liées au champ missionnaire particulier qu’est l’enseignement public. Ceux qui y participent prennent conscience d’être dans une réalité d’Eglise.
Ces communautés chrétiennes sont voulues et appelées par chaque évêque. Elles sont envoyées, organisées et structurées au service de l’annonce de l’Evangile du Christ aux collégiens et lycéens de l’enseignement public et, par eux, à l’ensemble du monde scolaire.
Cet envoi au nom de la mission de l’Eglise est signifié par la nomination des responsables d’aumônerie par l’évêque (ou son représentant), par la présence d’un ministre ordonné, et par les liens avec le service diocésain de l’Aumônerie de l’Enseignement Public. Insérées dans la vie diocésaine et en lien avec des paroisses, les aumôneries vivent de la communion ecclésiale.
Des communautés, signes d’Eglise
Par les dimensions d’accueil et de vie fraternelle, par le souci de tous, particulièrement des plus petits, ces communautés donnent à voir un vivre ensemble caractéristique de l’Evangile. Elles accompagnent chacun de leurs membres dans son histoire et son chemin de foi, débordant largement le temps et les murs de l’aumônerie. Elles constituent ainsi des lieux de vie qui portent déjà en eux-mêmes témoignage de Jésus Christ, source de vie.
Par la diversité de leur composition (jeunes, animateurs, parents, ministres ordonnés, laïcs…), par le rôle que chacun accepte de prendre, par la qualité des liens qui unissent tous les membres, par les célébrations qu’ils partagent, ces communautés sont signes de l’Eglise.
Ouverture
L’aumônerie est un carrefour, un temps et un lieu de passage. Par ce qui s’y vit, elle ouvre chacun de ses membres sur la société, le monde scolaire et professionnel, la famille, la vie sociale, l’Eglise et le monde.
2 – Envoyés vers des jeunes scolarisés dans l’enseignement public
La vie scolaire, une empreinte forte
Les aumôneries de l’enseignement public sont envoyées auprès des jeunes collégiens et lycéens pour contribuer à leur croissance humaine et spirituelle. Les jeunes sont façonnés par le monde scolaire laïque de l’enseignement public, par le temps qu’ils y passent et ce qu’ils y vivent.
Lors des rencontres, responsables, animateurs et ministres ordonnés accueillent et écoutent les réalités de leur vie et de leur scolarité. Cet accueil existe quelles que soient les conditions de fonctionnement de l’aumônerie, à l’intérieur ou à l’extérieur des établissements.
Une nécessaire connaissance et prise en compte de la réalité scolaire
L’équipe d’animation de l’aumônerie porte le souci de connaître l’institution scolaire, ainsi que le ou les établissements concernés par l’aumônerie (milieu socioculturel, équipe éducative, projet d’établissement, formations assurées, sections, externat, internat, …).
Cette meilleure connaissance permet d’entendre, d’accueillir et de comprendre, ce que les jeunes partagent de leur vie scolaire. Elle permet d’ajuster les propositions à leurs questionnements et favorise leur croissance intellectuelle et leur recherche spirituelle.
L’aumônerie en liens
Si la vie scolaire mobilise une grande partie de leur temps et de leur énergie, elle n’est pas le seul lieu de socialisation des adolescents ou d’apprentissage de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, ni l’aumônerie leur seul lieu d’appartenance ecclésiale.
L’aumônerie a donc le souci de prendre en compte d’autres lieux structurants pour la construction et l’éducation des jeunes et de s’y articuler.
La connaissance et la reconnaissance des lieux de vie des jeunes (institutions scolaire et ecclésiale, familles, associations…) nous invitent à inventer sans cesse des moyens pour ajuster notre mission.
3 – Annoncer Dieu qui se donne
Dieu présent
Lorsque nous accueillons des jeunes, nous faisons l’expérience que Dieu est déjà là à l’œuvre.
Ces jeunes dans une pluralité de cultures (âges, réseau…) viennent à l’aumônerie avec une diversité d’attentes et de demandes.
– Certains cherchent à approfondir leur foi et à en vivre.
– D’autres sont curieux de l’Evangile et de la personne du Christ.
– D’autres aiment être là dans un lieu où ils se sentent bien.
– D’autres encore ne feront que passer.
Selon le savoir-faire propre du lieu et sa tradition, selon ses moyens et dans la régularité des rencontres proposées, l’aumônerie donne à vivre et à voir aux jeunes un Dieu qui prend corps dans notre histoire et qui se tient résolument à nos côtés, un Dieu qui appelle à la vie.
Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une première annonce ou d’une catéchèse organisée et structurée, nous cherchons à accompagner des jeunes sur des chemins de croissance et des chemins de foi.
Au service de cette démarche, l’animateur est témoin, référent, garant de la liberté.
Des moyens et des chemins à accompagner
Les moyens mis en œuvre s’inscrivent dans le temps et déploient un mouvement permanent entre ce que vivent les jeunes et l’annonce de l’Evangile.
La place de la Parole de Dieu est centrale pour y découvrir l’amour de Dieu et le salut donné en Jésus-Christ, son Fils, mort et ressuscité. Elle éclaire les choix et la mise en pratique d’un vivre chrétien.
L’initiation à la prière, la proposition et la célébration des sacrements, l’éducation à l’intériorité sont partout prises en charge pour permettre à chaque jeune d’engager et d’expérimenter une relation intime avec Dieu.
L’intelligence de la foi est nourrie par l’approfondissement des fondements de la foi dans une recherche de cohérence entre ce que les jeunes croient et la foi de l’Eglise.
Il est souvent proposé aux jeunes de rencontrer et d’entendre des témoins de la foi, engagés dans le monde.
La pratique régulière de la relecture permet de mettre au jour le cheminement de chacun et de donner sens à la vie.
Ouverture
Aider les jeunes à comprendre et à prendre leur place dans l’Eglise est une des tâches qu’il appartient à l’aumônerie de prendre en charge.
4 – Accompagner des adolescents situés dans une culture
Une culture, des cultures
De l’entrée au collège à la fin du lycée, les aumôneries accueillent les jeunes dans leurs cultures. Elles les accompagnent tout au long du processus adolescent en essayant de rejoindre leurs besoins et leurs désirs propres.
Issus d’origines familiales, ethniques, sociales, religieuses diverses, ces jeunes sont marqués par la culture scolaire et par les phénomènes culturels qui occupent une place matériellement prégnante dans leur vie :
Les musiques, le sport, l’univers de médias, notamment les séries TV, télé réalités et jeux vidéo, BD, cinéma… Téléphones portables, ordinateurs, Internet et tous les réseaux sociaux (MSN, Face Book, Twitter…), blogs…
Mais aussi des codes d’appartenance à tels ou tels « tribus » ou réseaux (groupe identitaire) pouvant impliquer des rites initiatiques.
Compétences et pédagogie
Accompagner les adolescents dans la pluralité de leurs cultures génère un savoir- faire et un savoir-être issus de la façon d’être du Christ lui-même. Les accueillir tels qu’ils sont, sans préjugés, manifeste du respect pour leur vie et leur histoire.
L’aumônerie contribue à établir chez les jeunes des liens entre l’Evangile et leur vie pour parvenir à une cohérence en interrogeant ces pratiques culturelles. Elle est un espace de parole où ils sont écoutés, où, dans la confiance, ils peuvent mettre des mots sur ce qu’ils vivent et ressentent. Les accompagner leur permet de prendre une distance critique par rapport aux différents éléments de leur culture, d’apprendre à en user librement et de donner du sens à leur vie.
Cet accueil est la condition qui permet à l’Evangile d’être annoncé, inculturé.
Se donner des moyens
Dans les moyens pédagogiques au service de l’annonce du Christ, les différents vecteurs des cultures propres aux jeunes trouvent naturellement toute leur place. La dimension symbolique de l’annonce peut être servie par le recours à l’art en général, l’image et le son en particulier.
Cette pluralité culturelle implique une formation des responsables et des animateurs.
Cette attention est un investissement rendu nécessaire par la diversité culturelle des jeunes rencontrés.
5 – Des jeunes acteurs
Agir pour grandir humainement et spirituellement
Notre expérience nous dit que la maturation des adolescents passe notamment par des actions. Elles leur permettent de se découvrir capables d’agir et de prendre ainsi leur place dans le monde et l’Eglise.
Nos pédagogies veulent donner aux jeunes les moyens de devenir des personnes autonomes capables de :
– rendre compte de leurs idées
– exprimer leur foi
– choisir leur vie
– s’engager dans le monde de manière responsable.
Elles cherchent par là à leur faire goûter que la foi au Christ rend attentifs aux réalités de la vie auxquelles ils sont confrontés et cela les ouvre à des solidarités.
Les différentes formes de l’agir en aumônerie
Pour cela, dans les équipes d’aumônerie, les jeunes font l’expérience du débat en apprenant :
– à s’écouter les uns les autres
– à argumenter
– à accueillir des idées différentes des leurs
– à relire leur vie et leur action.
En accueillant les désirs et attentes des jeunes, en leur proposant de s’engager concrètement au service des autres, en lien avec des associations, par des projets locaux, il leur est donné de s’ouvrir à des réalités humaines, économiques et sociales et d’exercer leur solidarité et leur générosité. Il leur est reconnu leur pleine dignité et leur capacité à agir dans la société. A l’image du Christ, en Eglise, ils découvrent la joie de servir la vie des hommes à commencer par les plus pauvres.
Pleinement membres de l’aumônerie, les jeunes sont souvent invités à y prendre des responsabilités, par l’implication dans l’organisation matérielle, par l’animation et l’encadrement de temps forts, par l’annonce de la foi auprès des plus jeunes.
L’aumônerie peut proposer aux jeunes de se former (formation biblique, théologique, pédagogique et autres…). Ainsi, les jeunes, par les compétences et l’expérience qu’ils acquièrent, peuvent-ils prendre confiance en eux, se découvrir attentifs et utiles aux autres.
Des jeunes membres du Peuple de Dieu
Grâce à l’aumônerie et aux animateurs, les jeunes prennent part à la triple mission de l’Eglise, servir la vie des hommes, annoncer l’Evangile, célébrer le salut, même s’il est parfois délicat de lier ces trois axes.
6 – Transformés par la mission
Nous expérimentons que notre mission vécue et relue dépasse notre action et participe à l’œuvre de Dieu.
La mission qui nous transforme
Notre expérience auprès des jeunes en aumônerie est lieu de croissance humaine et spirituelle, et source de joie. Notre engagement et nos échanges avec les jeunes nous appellent sans cesse à vivre pleinement l’Evangile. Cette mission nous engage à une vie d’équipe tout autant qu’à une cohérence personnelle qui se forgent dans les lieux de partage, dans la prière et la fraternité.
Etre au service des jeunes, c’est vivre et être témoin de l’Amour de Dieu pour eux. La foi des animateurs se trouve renouvelée et approfondie au contact de la fraîcheur et de la profondeur de la foi des jeunes.
Au cœur des réalisations, des doutes, des échecs et des réussites, de ce que nous entendons et voyons, nous accueillons la joie pascale. Cette mission nous appelle sans cesse à la vie, à créer et à recréer.
Notre vie de disciple
La mission reçue de l’évêque est nourrie par la vie sacramentelle et la vie de prière personnelle et communautaire. La relecture personnelle, la relecture en équipe, à la lumière de la Parole de Dieu, éclairent le sens de la mission et nous invitent à l’action de grâce.
Ouverture
Répondre de sa foi aux adolescents, répondre à leurs questions, tant sur la vie que sur la foi, amènent chacun à un travail de plus grande intelligence de la foi de l’Eglise ainsi qu’à un besoin de formation.
La rencontre avec les jeunes nous donne un regard nouveau sur eux et sur le monde, et ravive notre confiance, notre espérance et notre amour. Nous sommes ainsi conduits à témoigner largement de la joie éprouvée.