Homélies – du 29 janvier et du 05 février 2023 à Cognac –

St-Martin en val de cognac

Publié le 27 avril 2023


Homélie prononcée par le pasteur Cyrille PAYOT le 29 janvier à St-Léger, À l’occasion de la Semaine de l’Unité des Chrétiens


À l’occasion de la Semaine de l’Unité des Chrétiens

Prédication en l’Église St-Léger, Cognac

                Lecture de l’Évangile selon Matthieu 5, 3-12, Texte du jour :

Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés,
car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

———————————————-

Prédication

Les Écritures nous invitent aujourd’hui à méditer ensemble sur la recherche du bonheur. Qu’est-ce que le bonheur ? Nous vivons sous la tyrannie de la recherche du bonheur : celui qui ne goûte pas au bonheur aujourd’hui a raté sa vie ! Notre monde a placé le bonheur personnel en premier. Non pas l’amour du monde et des autres, mais d’abord le bonheur personnel, familial. A priori, cela n’a rien de négatif mais cela a des conséquences sur des comportements qui font tendance : ainsi, 30 à 40 % des Français interrogés, pratiquent le « Quiet quitting », c’est à dire la « démission silencieuse », l’abandon non apparent de leur travail : ils continuent d’aller au travail sans pour autant chercher à s’investir vraiment dans leur travail. De même, on ne va plus se sacrifier pour une cause nationale, encore moins religieuse. Le sacré est désormais au sein de la famille, des proches. Le bonheur est à vivre en dehors du travail, et de nos institutions civiles ou religieuses.

Mais cette quête du bonheur est trompeuse lorsqu’on la confond avec un plaisir immédiat, occupationnel, et totalement tourné vers soi. Prendre du plaisir pour passer du bon temps peut être essentiel, mais nous savons bien que la somme des plaisirs immédiats ne fait pas le bonheur ! Le bonheur touche l’être en profondeur et dans la durée. Parce qu’il nous change intérieurement.

Je ne sais pas ce qu’est devenue l’association La Moquette à Paris que j’ai côtoyé lorsque j’étais étudiant ; un centre d’accueil tenu par le père Pedro Meca au profit des personnes à

la rue. Il avait eu l’idée géniale d’ouvrir ses portes pour des activités la nuit, à des heures où beaucoup de ces personnes à la rue ne dorment pas. Un soir, Pedro s’est mis à lire les Béatitudes à une jeune femme qui lui avait demandé de lui raconter une jolie histoire sur Jésus… toutes les béatitudes y passent, jusqu’à la dernière. La femme émue lui dit alors : « c’est beau. Raconte-moi encore une béatitude… » Le père Pedro se tourne alors vers elle et lui dit : « La dernière béatitude, c’est toi ! »… Puis il rouvre la Bible et lui lit le verset qui suit les béatitudes : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ». Des larmes de joie se mettent alors à couler sur les joues de cette femme, comme un rayon de béatitude sur son visage : elle, qui avait vécu la galère, découvre que toutes ces paroles sont aussi pour elle ! Cette femme à la rue n’avait jamais accès au plaisir immédiat ; le Seigneur lui a offert un bonheur plus profond.

Ces magnifiques paroles de béatitudes sont d’une telle force qu’elles ne peuvent nous laisser indifférents lorsqu’on les reçoit en profondeur. Jésus les prononce sur une montagne, précise l’Evangile… Oui, Jésus prend de la hauteur sur notre monde, pour voir en relief nos vies avec ses richesses et ses pauvretés d’êtres humains. Il ne s’enlise pas dans nos vallons pour ne jamais perdre de vue le bonheur qui nous est promis. Dieu accueille tous les versants de nos histoires comme des versets de nos vies, avec l’adret et l’ubac. Il y aurait de quoi être pessimiste, et il est vrai que le pessimisme se vend bien dans notre monde ; Jésus fait l’inverse : il prend de la distance, et au lieu de juger le monde négativement, Jésus offre une parole de béatitude ; il nous montre le chemin pour faire de nous le « sel de la terre ». Dieu, en effet, a « tellement aimé le monde »…

Chers frères et sœurs, la parole du jour nous met au défi ce matin, de trouver une parole commune afin que nous devenions « sel de la terre », une façon de tracer un chemin vers un certain bonheur…

Mais qu’est-ce que le bonheur dans l’Évangile ?

1/ Il nous faut ici écarter un premier malentendu. Que serait un Dieu qui se réjouirait que les pauvres restent pauvres, que les malades restent malades, comme si c’était là Sa volonté. Comme l’histoire de cette femme à la rue, le premier des bonheurs, c’est de relier chaque être humain, quel qu’il soit, à un Dieu qui nous aime et nous appelle à passer à une autre étape de notre vie : la personne affligée est dite « bienheureuse » non pas parce qu’elle est affligée mais parce qu’elle sera consolée (au futur) ! Il y a comme un élan, un mouvement, un passage d’un état à un autre qui est ici célébré, voulu, cherché par Dieu. Une libération de notre situation vers une autre. Heureux celui qui ne s’enlise pas, pourrait-on dire.

Nous sommes loin ici d’un dolorisme nécessaire, d’une souffrance bonne et voulue par Dieu, pour nous rapprocher de Lui ; et encore moins d’un fatalisme inscrit dans nos vies. D’ailleurs les sciences humaines récentes, nous apprennent (les chiffres sont édifiants) que 50 % de notre bonheur dépend de nos origines, de ce que nous avons reçu, de notre racine, de notre bagage antérieur ; alors que 40 % de notre bonheur dépend de nous, de nos choix de notre volonté, du sens que l’on va donner à notre vie, des rencontres qu’on va faire. En revanche, les conditions extérieures, le pays dans lequel nous vivons, le contexte, dans une famille riche ou pauvre, déterminent seulement 10 % de notre bonheur. Finalement c’est assez peu.

Et justement, le bonheur dans l’Évangile, selon Jésus ici, commence par le fait que nous sommes appelés à passer d’un état à un autre, de l’affliction à la consolation, sans jamais être destinés à rester dans la souffrance qui serait déterminée par notre contexte.

Dieu nous donne cet élan de vie pour nous mettre en marche vers un avenir autre, qu’il croit toujours possible. Dieu nous rappelle que notre nature profonde, ce n’est pas d’être dans la pauvreté, l’affliction mais au contraire de passer d’un état à un autre, de nous découvrir autre, de réaliser ce vers quoi nous sommes appelés, de vivre notre Pâque personnelle (« pâque » signifie en hébreu « sauter, passer, traverser »). Pour devenir le sel de la terre peut-être faut-il avoir été raclé dans la mer, sorti des eaux, être passé d’un monde à un autre sans jamais s’y enliser. C’est là notre béatitude et celle de Dieu…

2/ Mais Jésus va plus loin par ses paroles – et c’est notre deuxième enseignement ce matin : on pensait à l’époque de Jésus que le pauvre ou le malade se retrouvaient dans cette situation parce qu’ils l’avaient mérité (eux ou leurs ancêtres) et qu’il s’agissait d’une punition de Dieu. Et voilà que Jésus balaye cette pensée négative : non ! la tristesse n’est pas le refuge de ceux qui défaillent devant les problèmes (on dit que ce sont « des faibles »). Jésus dit au contraire « heureux les affligés car ils seront consolés ». De même, nous sommes dans un monde qui considère que « la terre appartient à ceux qui ont de l’ambition », qui savent s’imposer… Jésus déclare au contraire « heureux les doux et les humiliés, car ils posséderont la terre ». Que dire encore de l’indigent dont on considérait qu’il était coupable d’oisiveté et de négligence (« si on a rien à manger, c’est parce qu’on l’a bien mérité »)… au contraire, Jésus déclare « heureux êtes-vous qui avez faim, car vous serez rassasiés ». Que dire encore de la vengeance dont on considère que c’est une nécessité pour tous ceux qui ont été offensés et que c’est par là que passe le bonheur… au contraire, Jésus proclame « bienheureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde »…

Chemin faisant, vous l’aurez compris, Jésus commence par déconstruire nos a-priori en réhabilitant la personne derrière son étiquette, pour ouvrir la voie (la voix!) du bonheur !

Peut-être que la clé du bonheur se trouve d’abord là : nommer dans notre for intérieur celui ou celle que nous jugeons négativement, et prononcer à son égard une béatitude. Alors je dirais, à la suite du Christ : « Heureux les catholiques qui sont mal perçus par les protestants car ils hériteront du Royaume » ou encore « heureux les protestants qui sont mal perçus par les catholiques, car ils hériteront du Royaume »… Si Jésus commence par là, pourquoi pas nous ? Peut-être alors que nous constaterons que derrière le protestant ou derrière le catholique se trouve d’abord un Chrétien authentique, un enfant de Dieu qui cherche à être sel de la terre pour le monde, à sa façon, et que c’est peut-être cela qui compte. Si nous le faisons avec un « coeur pur », qui ne contient aucune hypocrisie mais avec réelle empathie… cela peut changer notre vie !

3/ Mais je ne voudrais pas que nous repartions laissant penser que le bonheur se construit en ne travaillant que sur soi. Nous sommes entourés de marchands de bonheur ici et maintenant, orienté vers un bonheur totalement personnel. On parlera de développement personnel, de thérapies positives… pourquoi pas ! Mais je voudrais faire une remarque en partant du texte des béatitudes et des paroles prononcées par Jésus – et je termine par ce point :

Chaque situation de bonheur ne dépend pas que de la personne elle-même, mais aussi des autres qui l’entourent, pour ne pas dire de l’Autre avec un grand A. En effet, lorsque Jésus déclare « heureux les affligés car ils seront consolés », il dit une chose essentielle car nous savons bien que l’on ne se console jamais tout seul : lorsqu’un enfant pleure, il a besoin d’un parent pour le consoler. Il faut l’aide des autres pour passer de l’état d’affligé à l’état de consolé ! De même pour « hériter la terre en partage », il faut quelqu’un qui transmette cet héritage – un héritage se reçoit ; il ne s’accapare pas tout seul !

« Qu’est-ce que le bonheur ? »- Sermon du pasteur Cyrille Payot

Église Protestante Unie du Cognaçais – Janvier 2023




Homélies prononcées par le père Pierre Marie ROBERT, le 5 février au temple de Cognac

Culte au temple de COGNAC, Dimanche 5 février 2023

Prédication par le Père Pierre-Marie ROBERT

Une mission de paix et d’unité :

Notre rassemblement dominical est tout à la fois une louange, une bénédiction en l’honneur de la Trinité sainte, une reconnaissance pour tous les bienfaits reçus d’elle et aussi une intercession, une supplication pour invoquer le pardon de nos péchés. Forts de ces considérations essentielles, notre rassemblement dominical se veut être une prière insistante pour l’unité des chrétiens, car c’est une cause qui tient à cœur et à conscience les diverses confessions chrétiennes dans le monde. La veille de sa mort sur la croix, Jésus a prié pour l’unité de ses disciples en disant : « …qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le mon puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » Et de fait, Jésus a donné sa vie et sa mort, il s’est livré « pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu qui sont dispersés » comme l’exprime l’évangéliste St-Jean.

Que notre louange soit traversée par l’action de grâce pour le don de l’unité dans la foi au Christ ressuscité qui nous est fait, qui est notre bien précieux, qui éclaire nos existences personnelles au cœur des joies et des peines qu’ils habitent et qui nous donne l’élan et l’audace d’en témoigner avec la force de l’Esprit-Saint qui ne saurait nous manquer. Chers amis, nous avons en commun la joie de croire qui nous met en communion avec Dieu, source de toute vie créée, nous assurant de son Amour fidèle et même jaloux de nous, pour que nous l’aimions en retour dans la fidélité et que nous aimions nos frères avec son cœur à lui. Car, il est vrai, nous sommes toujours en-deçà de ses appels qui parcourent toute la sainte Ecriture et les prophètes comme Isaïe, se lèvent : « lavez-vous, purifiez-vous. Otez de ma vue vos actions mauvaises, assez de faire le mal ; apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve… » Nous le savons bien, Dieu n’est pas là pour faire des rappels à l’ordre, pour exercer des menaces, bien mieux, il nous veut, nous désire comme partenaires de son Alliance afin de trouver ainsi le vrai bonheur.

La page d’évangile, en St-Matthieu, entendue précédemment et qui évoque le jugement dernier, nous est familière. Et, cependant, elle se présente toujours à nous avec son exigence, nous sommes mis au pied du mur, ici et maintenant. La clé pour entrer dans le Royaume du Père des cieux, l’assurance de la béatitude éternelle pour faire écho au sermon sur la montagne de dimanche dernier, au tout début cette fois de l’évangile -toujours en St-Matthieu – c’est la prise en compte de notre réalité, de notre responsabilité d’hommes et de femmes croyants en relation avec d’autres, avec des situations diverses le plus souvent compliquées. La question revient comme un leitmotiv : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir… ? Et le Seigneur de Gloire d’affirmer : « En vérité, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »

Ainsi, la quête du Royaume qui est l’objet d’une faveur divine, d’une grande miséricorde avant tout, n’est pas une fuite en avant, un imaginaire virtuel supposé : elle s’élabore dans un réel à aimer et à transformer, dans une attention aux personnes spécialement les plus vulnérables, dans une humanité à considérer. Il s’agit bien d’humanité, de notre humanité à considérer. Il s’agit bien d’humanité, de notre humanité belle et tragique tout à la fois, de l’humanité de Dieu en Jésus, son Fils bien-aimé, notre frère, « l’ainé d’une multitude de frères. » L’ardeur que nous avons pour exercer le culte spirituel «  en esprit et en vérité » dans la prière, l’adoration, la méditation de la Parole de Dieu, la pratique hebdomadaire, nous avons à l’exercer à l’endroit de ceux qui sont à nos portes, dans nos rues de villes et villages, dans les institutions sanitaires et sociales et c’est la même ardeur au souffle de l’Esprit-Saint. Oui, assurément, dans le face à face avec « le Père des miséricordes », il y aura un jugement, non pas pour comptabiliser nos bonnes œuvres, nos mérites, mais pour estimer la qualité de l’amour vécu et ce jugement s’opère en ce temps qui est le vôtre, qui est le mien. « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir … ? »

La proximité humaine et la proximité chrétienne sont à unir en permanence, l’humanisation et la divinisation constituent un attelage à tenir ensemble et c’est une tension, un tiraillement pour les disciples de Jésus que nous sommes ; nous éprouvons nos maladresses, nos péchés, l’Adversaire, le démon joue son rôle également de diviseur, de « Père du mensonge ». Mais ne doutons jamais que par notre baptême et notre foi, nous sommes « intégrés à la construction » de l’Eglise, grâce à « Jésus-Christ lui-même, comme pierre maîtresse, pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit. » Ne doutons pas non plus, que plus les chrétiens seront oubliés ou ignorés en notre occident développé et se voulant civilisé, plus ils ont et auront une place à prendre même si c’est au prix de vexations et d’humiliations, ou simplement d’indifférences notoires. Là où l’homme est abimé, réduit à une chose de peu d’importance, là Dieu est bafoué, là où Dieu est oublié, évincé, là l’homme est perdu dans son intégrité. Il n’est pas rare de découvrir que lorsqu’une personne s’ouvre au mystère de Dieu, à sa révélation, des perspectives nouvelles s’offrent à elle, des changements se produisent, c’est comme une nouvelle naissance non sans combat intérieur et parfois extérieur lié au contexte familial, socio-professionnel, relationnel, etc… Recevons les paroles autobiographiques de ce jour, de l’apôtre St-Paul tout en affirmant la foi christologique : « c’est lui, Jésus-Christ, qui est notre paix. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine… à partir du juif et du païen, il a voulu ainsi créer en lui un seul homme nouveau, en établissant la paix et les réconcilier avec Dieu tous les deux en un seul coup, au moyen de la croix : là, il a tué la haine» Ces paroles n’ont pas qu’une valeur historique avec leurs réalisations objectives, elles nous obligent pour une mission de paix et d’unité.

Pour achever cette prédication, je laisse un auteur anonyme rhénan du XIVème siècle nous exhorter :

« Christ, tu n’as pas d’oreilles…Tu n’as que nos oreilles pour entendre le cri de nos frères. Christ, tu n’as pas d’yeux… Tu n’as que nos yeux pour faire rayonner ta présence dans nos vies. Christ, tu n’as pas de lèvres … Tu n’as que nos lèvres pour parler de toi aux hommes d’aujourd’hui. Christ, tu n’as pas de pieds… Tu n’as que nos pieds pour accompagner les hommes sur ton chemin. Christ, tu n’as pas d’aide… Tu n’as que notre aide pour conduire les hommes à ton côté. Nous sommes la seule Bible que les gens lisent encore, nous sommes le dernier message de Dieu proféré en paroles et en actes. »

AMEN


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