BENEDICT XVI
Que restera-t-il de son enseignement sur la liturgie ?
Sa conception de la liturgie restera, parce qu’elle est pérenne : il n’a rien inventé mais seulement l’a mise à jour et l’a dépoussiérée ! Il nous a rappelé que la liturgie faisait partie de la vie de l’Église et que l’Église étant une personne, elle n’a pas changé en substance, mais grandit et se développe. La liturgie ne peut donc être que le fruit d’un développement biologique et non d’une fabrication émanant d’une époque, ou d’un groupe de personnes. Sa critique fondamentale à l’égard de la réforme liturgique était qu’il s’agissait d’une grande entreprise qui allait trop vite, qui voulait le changement pour le bien du changement, et en conséquence l’Église est tombée dans le piège de l’auto-célébration, un terme qu’il utilisait Il est alors moins tourné vers le Seigneur. Si la Forme Extraordinaire a eu tant de succès – ce qui a effrayé certaines personnes – c’est parce que les fidèles ont redécouvert un sens du sacré. Son enseignement sur la liturgie était le dévouement à la Présence réelle, à l’orientation vers le Seigneur… Tout restera, car c’est maintenant le mouvement d’une partie du peuple de Dieu, qui l’a reçu et compris. Grâce au pape émérite, ils ont pu avoir des idées claires sur le sujet. Nous pouvons ainsi parler de la “génération Benedict XVI”.
Quel était le point culminant de son pontificat ?
Le motu proprio Summorum pontificum, en 2007 [libéralisant le rite tridentin, note de l’éditeur]. Nous l’avons vu comme le signe par excellence du désir d’alliance. Car Benoît XVI était un homme d’alliance entre l’ancien et le nouveau, le traditionnel et le moderne, la raison et la foi. C’est une caractéristique de son enseignement, surtout en tant que pontife : s’unir non pas par l’équilibre, mais par l’al Benoît XVI était un homme de renouveau, mais qui s’est rendu compte que si le renouveau était important, il comportait un risque de déracinement. Pour lui, la vie de l’Église devait donc être fermement ancrée dans la Tradition : l’héritage des Pères, des saints et des grands théologiens de l’Eglise ne peut être ignoré. Son héritage durera, à travers l’alliance entre l’ancien et le nouveau… Benoît XVI voulait restaurer les fondements de l’Église dans les trois vertus théologiques, la foi l’espoir et la charité.
Quel genre de pape était-il ?
Benoît XVI avait une orientation surnaturelle, sans fuir la réalité, concevant la puissance de Dieu de manière très réaliste dans la vie de l’Église. Il comptait sur la grâce et écoutait beaucoup les conseils. C’était un homme extrêmement intelligent et lucide. Il n’était pas un bureaucrate ignorant les réalités de l’Église. Rappelons-nous qu’il a été le premier à lutter contre les abus spirituels et sexuels ! Et enfin, que l’on soit traditionnel ou progressiste dans l’orientation, tous les contemplatifs saluent le grand penseur et professeur qu’était Benoît XVI. Nous sommes inspirés par ses enseignements, son public général, toujours d’actualité, toujours nouveau et profondément ancré ! Il y a toujours quelque chose à apprendre de lui. Pour nous, cela a été une bénédiction.
Interview de Constantin de Vergennes
FRANCE CATHOLIQUE, N° 3795, 06/01/2023
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