Rencontre avec Adriana Galveo Freire, brésilienne

Notre Dame des Terres en Haute-Charente

Voici un compte rendu de réunion (co-écrit par Ria et Odile) qui ne devrait pas nous laisser insensibles. 
L’actualité met le Brésil sur le devant de l’actualité internationale. Les progrès sociaux pendant les mandats des présidences Lula et Dilma Roussef ont été importants. Après le coup d’état parlementaire, les acquis sont remis en cause tous les jours. 
Suivons l’actualité avec beaucoup d’assiduité. Le Brésil fournit à nos élevages le soja (avec OGM) et de multiples autres produits. 
Soyons au côté des paysans sans terre avec le CCFD-Terre Solidaire ici et là-bas pour que demain la faim organisée dans le monde recule. 815 millions de personnes souffrent encore de la faim soit 11% de la population mondiale. Nous avons les moyens techniques de faire reculer la faim. Voici un exemple précis avec l’action de l’AS-PTA* dans le Nordeste du Brésil. Bonne lecture Marie-Bernard VIGIER

Rencontre avec Adriana Galveo Freire, brésilienne responsable de l’AS-PTA*. Le CCFD s’est fixé des objectifs : l’éradication de la faim dans le monde, avec une pédagogie particulière : le CCFD s’appuie sur les personnes locales qui veulent s’organiser sur place. 
Adriana Galveo Freire, accompagnée de son interprète Leslie, témoigne !

La souveraineté alimentaire passe par l’agro écologie !
La marche pour les femmes et l’agro écologie !

Adriana est, au Brésil, membre de l’association l’AS-PTA*, partenaire du CCFD, une organisation d’appui à la transition des agriculteurs familiaux brésiliens vers l’agro-écologie.

Elle permet à des dizaines de milliers de producteurs affiliés à des syndicats ruraux très actifs, de produire et de commercialiser des aliments sains, en leur assurant un revenu stable leur permettant de rester sur leurs terres.La superficie du Brésil est 17 fois celle de la France.

Il y existe différents environnements : la forêt amazonienne, la savane, le littoral…
Adriana vit dans le Nordeste, une des régions les plus pauvres du Brésil. Avec un climat semi aride, il pleut 3 mois suivi de 8 mois sans pluie : cette région connait la sécheresse et subissait la famine.

Les systèmes agricoles au Brésil

En 1993, pour s’en sortir, l’association non gouvernementale locale, l’AS-PTA* apporte son appui technique et accompagne les petits agriculteurs afin qu’ils puissent vivre de leur terre. Et cela à travers une politique de combat contre la sécheresse – Vivre avec la sécheresse- 

Elle les incite à rejoindre les organisations qui les rendront plus forts et les mettront en position de négocier avec les pouvoirs publics.La région de Polo de Borborema compte 14 municipalités avec 14 syndicats ayant leur projet de développement local.
Le Développement Local de l’AS-PTA* est basé sur des principes méthodologiques :

Les agriculteurs au centre ! 

  •  Par une valorisation des connaissances locales 
  •  Une recherche collective de la solution locale 
  •  Une stimulation des techniques

Toutes ces expériences sont échangées entre agriculteurs (sur support papier) .

L’Organisation des agriculteurs dans la gestion communautaire des biens communs permet le développement promoteur local. L’agro écologie permet de construire et développer ce projet local et d’échanger.

Les échanges

Les thèmes mobilisateurs sont : 

  • Les semences locales (création plus juste) 
  • Le traitement de l’eau 
  • La ré-arborisation (vergers : plantation de 700 000 arbrisseaux) 
  • L’acteur collectif : la jeunesse 
  • La femme au sein de la santé

Tous travaillent ensemble et étudient ensemble à partir des connaissances locales et des expériences. Ceci produit beaucoup de support de connaissances.
La formation proposée est faite sur 1 jour et demi et une recherche participative sur le terrain.

L’eau

Jusqu’en l’an 2000, il n’y a pas d’eau potable dans les maisons de cette région Nordeste. Grâce à des aides de l’Etat, sont construites vers San Pao des citernes.
Les citernes sont des piscines rondes fabriquées en ciment près des maisons. Elles se sont également construites grâce au CCFD.
L’eau de pluie coule sur les toits durant la saison des pluies de 3 mois.
Ces citernes peuvent contenir 16 000 l. Soit la consommation d’une famille de 5 personnes durant 8 mois, en eau potable à boire et pour la cuisineLa politique publique oeuvre pour démocratiser l’accès à l’eau potable  :
Le plan « 1 million de citernes » a permis de construire 10 000 citernes.
Le projet public « une terre, 2 eaux » développe les citernes d’eau de production
pour les plantes et les petits animaux. L’eau est récupérée à même le sol cimenté,
puis acheminé par des rigoles. La capacité augmente à 56 000 litres.
1200 citernes d’eau de production sont construites depuis cette politique.En 2016, malheureusement, il y a un coup d’état parlementaire : le nouveau gouvernement baisse de 93% les aides pour ces projets !Les Semences
Pour réussir les cultures dans cette région semi aride, il faut absolument avoir les semences dès qu’il commence à pleuvoir !
Pour faire face : 
 Il faut travailler les semences locales adaptées au climat 
 Il faut une quantité : grâce à la banque communautaire. Les agriculteurs y déposent
leurs semences qui sont au préalable testées (non OGM).
Cette réserve stratégique permet l’autonomie.
La semence de la passion : semence locale, une entité contre les semences transgéniques.
Les agriculteurs demandent que le gouvernement ne vende pas des OGM qui abîment
leurs semences, pour ainsi sauver leur patrimoine génétique.
 Elle permet l’Autonomie AlimentaireIl y a eu la grande sécheresse du siècle en 2017. Grâce au programme de développement, il n’y a pas eu de migration humaine, mais cela a permis de produire des excédents de production : et faire des réserves.le marché agro écologique permet un circuit court qui alimente la consommation et la production plus près.Le programme d’acquisition des aliments  :
Le gouvernement fédéral a acheté directement aux agriculteurs pour fournir les hôpitaux, les crèches, les écoles. Cette vente sûre à l’Etat, à un prix plus cher si les produits sont issus de l’agro écologie, renforce l’agriculture familiale.
Mais l’arrêt des subventions par le nouveau gouvernement va à l’encontre de ce programme, et favorise les grandes exploitations et les grandes fermes.La Santé&l’Alimentation
Adriana, dans son pays, a cherché à redonner la vraie place aux femmes dans leur travail. Les mouvements syndicaux étaient tenus par les hommes, puis les femmes pouvaient assister aux réunions. Car il y avait autant de participation des femmes que des hommes. Les femmes aident leur mari.
Avec l’AS PTA, la réflexion se pose sur l’espace d’autonomie autour de la maison.
Cette zone est très riche en expérience, en travail. Mais le travail des femmes était invisible. (monétaire ou non). L’expérimentation du travail des femmes, le rôle écologique du travail autour de la maison met en valeur cet espace très diversifié. Il contribue à la sauvegarde de l’alimentation, la gestion de l’eau, de nombreuse plantes médicinales, les petits animaux…Cet espace est considéré autant que les champs.
Face au travail des femmes disqualifié, l’absence de droit de décision des femmes, l’absence de loisirs pour elles, les différentes violences vécues, sans autonomie sur leur propre argent, les femmes se sont regroupées face à ces inégalités : Les femmes ont découvert leur droit.
Elles ont créé « les marches pour les femmes et l’agro écologie  », pour donner visibilité à leur travail et dénoncer les violences, pour avancer vers un chemin d’égalité entre femme et homme !En 2010 cette marche réunissait 700 femmes ; l’année suivante 1000 femmes ; puis 2000.
Aujourd’hui, la marche du 8 mars 2018 compte 5 000 femmes participantes et 500 hommes
(nombre limité pour gérer l’organisation).
L’Etat versait un aide financière pour les familles démunies afin que l’enfant puisse être scolarisé. Depuis le coup d’état parlementaire, les enfants vont moins à l’école maintenant et travaillent.
L’Eglise a joué un rôle fondamental dans le réseau syndical. Les syndicats (groupes associatifs) sont plus critiques et près du peuple. Les écoles catholiques prônent la théologie de la Libération.
Mais aujourd’hui, l’Eglise a changé de perspective, plus vers l’évangélisation.L’AS -PTA cherche une valorisation de l’identité paysanne.
En 2010, les paysans travaillent sur leur autonomie pour un revenu.
Les jeunes paysans sont fiers.
Les mouvements sont très importants pour les associations rurales et assure la vie syndicale locale pour que le développement se fasse.

En savoir plus

*AS-PTA est une organisation d’appui à la transition des agriculteurs familiaux brésiliens vers l’agro-écologie. Présente dans le Nordeste semi-aride, dans la grande banlieue de Rio de Janeiro (agriculture urbaine) et dans le sud du pays, elle permet à des dizaines de milliers de producteurs affiliés à des syndicats ruraux très actifs, de produire et de commercialiser des aliments sains, en leur assurant un revenu stable leur permettant de rester sur leurs terres.
L’appui de AS-PTA prend plusieurs formes complémentaires : un appui technique (pépinières, construction de citernes…), un accompagnement permettant aux petits agriculteurs d’acquérir une vision de leur territoire dans une perspective de développement durable et de rejoindre des organisations qui les rendent plus forts et les mettent en position de négocier avec les pouvoirs publics. L’objectif : obtenir des politiques publiques adaptées à leurs besoins (développement et prise en charge des banques de semences et des citernes par les municipalités, établissement de quotas de produits de l’agriculture familiale achetés par les municipalités pour les écoles etc.) et les libérer du clientélisme des gros propriétaires.

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