L’association “Déambulations Mystiques” vous invite à l’exposition photos “Regard de Regard” de Gérald Jamin du 30 mai au 31 août 2024. L’exposition photos est accessible tous les samedis et dimanches de 14h à 16h30 ou sur rendez-vous au 06 33 70 44 60 à Béthanie 9, rue Fanfrelin Angoulême.
– Que voyez-vous ?
– Eh bien, je vois un grand porche et au pied de ce porche un homme assis ; et, au-dessus du porche, un homme assis également, jambes pendantes. Bien dangereux !
– Recommencez Monsieur 33.
– Si vous voulez. Donc en bas un homme assis, un porche et en haut un homme assis.
– Encore.
– En bas un homme assis, un porche, en haut un homme assis et puis un porche et puis en bas un homme assis et puis un porche et puis un homme assis et puis…Ça commence à me donner le tournis.
– C’est exactement ça : ça vous donne le tournis !Mais je vais vous l’agrandir un peu ce qui fait qu’en haut l’homme assis va disparaître. Maintenant que voyez-vous ?
– Eh bien, toujours cet homme assis sur le sol et puis derrière lui un grand porche.
– Pouvez-vous me décrire l’un et l’autre ?
– Donc, cet homme assis semble emmitouflé dans une djellaba…je dirais marron et noire…
– Brun ! Sur la palette du peintre il n’y a pas de marron, il n’y a que des bruns…
– Admettons. Noire et brune, voire sépia, et, derrière, un grand porche dont la porte est richement sculptée dans des tons de bleu, je dirais même de bleu frisant le bleu Klein.
– Et que pensez-vous de cette alliance ?
– Cet homme ressemble à un mendiant ce qui contraste pour le moins avec la richesse du porche devant lequel il est assis.
– Et les couleurs ?
– Je dirais que les couleurs du mendiant sont chaudes quand celles du porche sont froides, comme s’il lui refusait l’entrée en quelque sorte.
Et en quoi cela diffère-t-il de la première vision ?
– Il me semble Monsieur 33 que vous m’aviez dit avoir eu le tournis. En effet, ce qui se passait dans la première photo, complète, tient à ce que votre œil allant d’un personnage à l’autre et retour, comme un yoyo, vous ne pouviez pas savoir ce que le photographe avait vu et par là nous donnait à voir. En revanche, en recadrant la photo, le mendiant est devenu le centre d’intérêt et, du même coup, vous avez pu remarquer la structure de la porte et le contraste entre ces deux éléments de la scène. Bref, vous avez pu repérer ce que moi j’avais vu et par là vous donnais à voir.
– Très fort ! Grâce à votre simple recadrage, nous avons en quelque sorte accédé à Un regard de regard comme l’on dit.
– Mais encore ?
– Lorsqu’un spectateur est face à une œuvre d’art, de façon quasiment inquisitrice il cherche à repérer ce que l’artiste a regardé.
Effectivement, en y repensant, tant dans la photo du porche que celle du désert, je n’avais pas trop idée de ce que votre ami avait vu. Mais les deux photos sont tout de même très belles.
– Monsieur 33, êtes-vous allé déjà à Florence
– Oui
– Et avez-vous visité le musée des offices ?
– Bien sûr.
– Avez-vous vu la Naissance de Vénus de Botticelli ?
-Difficile, de rater ce chef d’œuvre !
– Et qu’en avez-vous pensé ?
– C’est une composition absolument magnifique, qui m’a toujours sidéré.
– Et pourriez-vous dire qu’une photographie de la Vénus de Botticelli est magnifique ?
– Évidemment non.
– Et bien pour moi, la photographie de ce magnifique désert n’est pas magnifique en tant que photographie. Comme pour la Vénus, c’est le sujet, en l’occurrence le paysage qui l’est.
Voilà pourquoi, concernant le talent de mon ami, je suis…
Comment disiez-vous déjà ?
– Dubitatif…LUMINIS ASPECTU REDAMETUR LUMINIS AUTOR
Que l’auteur de la lumière soit aimé à la vue de la lumière
*Gérald Jamin, médecin en soins palliatifs, était venu l’année dernière proposer à partir des derniers moments du Christ (la Cène, Gethsémani et les 7 paroles du Christ en Croix) une réflexion sur le chemin de solitude et d’apaisement que peut emprunter un patient en fin de vie.