La maladie et la souffrance peuvent parfois bouleverser nos vies ou celles de nos proches: pour nous encourager à donner de notre temps, soutenir les malades, être attentif à leurs besoins, une journée mondiale des malades, créée en 1992 par le Pape Jean-Paul II, est célébrée chaque année, le 11 février, jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes.
MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
À L’OCCASION DE LA XXIXe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2021
Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). La relation de confiance à la base du soin des malades
Chers frères et sœurs !
La célébration de la 29ème Journée Mondiale du Malade, qui aura lieu le 11 février 2021, mémoire de Notre-Dame de Lourdes, est un moment propice pour réserver une attention spéciale aux personnes malades et à celles qui les assistent, aussi bien dans les lieux dédiés aux soins qu’au sein des familles et des communautés. Ma pensée va en particulier vers tous ceux qui, dans le monde entier, souffrent des effets de la pandémie du coronavirus. Je tiens à exprimer à tous, spécialement aux plus pauvres et aux exclus, que je suis spirituellement proche d’eux et les assurer de la sollicitude et de l’affection de l’Église.
1. Le thème de cette Journée s’inspire du passage évangélique dans lequel Jésus critique l’hypocrisie de ceux qui disent mais ne font pas (cf. Mt 23, 1-12). Quand on réduit la foi à de stériles exercices verbaux, sans s’impliquer dans l’histoire et les besoins de l’autre, alors la cohérence disparaît entre le credo professé et le vécu réel. Le risque est grand. C’est pourquoi Jésus emploie des expressions fortes pour mettre en garde contre le danger de glisser vers l’idolâtrie envers soi-même et il affirme : « Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères »(v. 8).
La critique que Jésus adresse à ceux qui « disent et ne font pas » (v. 3) est toujours salutaire pour tous car personne n’est immunisé contre le mal de l’hypocrisie, un mal très grave qui a pour effet d’empêcher de fleurir comme enfants de l’unique Père, appelés à vivre une fraternité universelle.
Devant les besoins de notre frère et de notre sœur, Jésus offre un modèle de comportement tout à fait opposé à l’hypocrisie. Il propose de s’arrêter, d’écouter, d’établir une relation directe et personnelle avec l’autre, de ressentir empathie et émotion pour lui ou pour elle, de se laisser toucher par sa souffrance jusqu’à s’en charger par le service (cf. Lc 10, 30-35).
2. L’expérience de la maladie nous fait sentir notre vulnérabilité et, en même temps, le besoin inné de l’autre. Notre condition de créature devient encore plus claire et nous faisons l’expérience, d’une manière évidente, de notre dépendance de Dieu. Quand nous sommes malades, en effet, l’incertitude, la crainte, et parfois même le désarroi, envahissent notre esprit et notre cœur ; nous nous trouvons dans une situation d’impuissance car notre santé ne dépend pas de nos capacités ou de notre “ tourment ” (cf. Mt 6, 27).
La maladie impose une demande de sens qui, dans la foi, s’adresse à Dieu, une demande qui cherche une nouvelle signification et une nouvelle direction à notre existence et qui, parfois, peut ne pas trouver tout de suite une réponse. La famille et les amis eux-mêmes ne sont pas toujours en mesure de nous aider dans cette quête laborieuse.
À cet égard, la figure biblique de Job est emblématique. Sa femme et ses amis ne réussissent pas à l’accompagner dans son malheur ; pire encore, ils amplifient en lui la solitude et l’égarement en l’accusant. Job s’enfonce dans un état d’abandon et d’incompréhension. Mais, précisément à travers cette fragilité extrême, en repoussant toute hypocrisie et en choisissant la voie de la sincérité envers Dieu et envers les autres, il fait parvenir son cri insistant jusqu’à Dieu qui finit par lui répondre en lui ouvrant un horizon nouveau. Il lui confirme que sa souffrance n’est pas une punition ou un châtiment ; elle n’est même pas un éloignement de Dieu ou un signe de son indifférence. Ainsi, cette vibrante et émouvante déclaration au Seigneur jaillit du cœur blessé et guéri de Job : « C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (42, 5).
3. La maladie a toujours un visage, et pas qu’un seul : il a le visage de chaque malade, même de ceux qui se sentent ignorés, exclus, victimes d’injustices sociales qui nient leurs droits essentiels (cf. Lett. enc. Fratelli tutti, n. 22). La pandémie actuelle a mis en lumière beaucoup d’insuffisances des systèmes de santé et de carences dans l’assistance aux personnes malades. L’accès aux soins n’est pas toujours garanti aux personnes âgées, aux plus faibles et aux plus vulnérables, et pas toujours de façon équitable. Cela dépend des choix politiques, de la façon d’administrer les ressources et de l’engagement de ceux qui occupent des fonctions de responsabilités. Investir des ressources dans les soins et dans l’assistance des personnes malades est une priorité liée au principe selon lequel la santé est un bien commun primordial. En même temps, la pandémie a également mis en relief le dévouement et la générosité d’agents sanitaires, de volontaires, de travailleurs et de travailleuses, de prêtres, de religieux et de religieuses qui, avec professionnalisme, abnégation, sens de la responsabilités et amour du prochain, ont aidé, soigné, réconforté et servi beaucoup de malades et leurs familles. Une foule silencieuse d’hommes et de femmes qui ont choisi de regarder ces visages, en prenant en charge les blessures des patients qu’ils sentaient proches en vertu de leur appartenance commune à la famille humaine.
De fait, la proximité est un baume précieux qui apporte soutient et consolation à ceux qui souffrent dans la maladie. En tant que chrétiens, nous vivons la proximité comme expression de l’amour de Jésus-Christ, le bon Samaritain qui, avec compassion, s’est fait le prochain de chaque être humain, blessé par le péché. Unis à lui par l’action de l’Esprit Saint, nous sommes appelés à être miséricordieux comme le Père et à aimer en particulier nos frères malades, faibles et souffrants (cf. Jn 13, 34-35). Et nous vivons cette proximité, non seulement personnellement, mais aussi sous forme communautaire : en effet, l’amour fraternel dans le Christ engendre une communauté capable de guérison qui n’abandonne personne, qui inclut et accueille, surtout les plus fragiles.
À ce propos, je désire rappeler l’importance de la solidarité fraternelle qui s’exprime concrètement dans le service et peut prendre des formes très diverses, toutes orientées à soutenir le prochain. « Servir signifie avoir soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple » (Homélie à La Havane, 20 septembre 2015). Dans cet effort, chacun est capable de « laisser de côté ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute puissance en voyant concrètement les plus fragiles. […] Le service vise toujours le visage du frère, il touche sa chair, il sent sa proximité et même dans certains cas la “ souffre ” et cherche la promotion du frère. C’est pourquoi le service n’est jamais idéologique, du moment qu’il ne sert pas des idées, mais des personnes » (ibid.).
4. Pour qu’une thérapie soit bonne, l’aspect relationnel est décisif car il permet d’avoir une approche holistique de la personne malade. Valoriser cet aspect aide aussi les médecins, les infirmiers, les professionnels et les volontaires à prendre en charge ceux qui souffrent pour les accompagner dans un parcours de guérison, grâce à une relation interpersonnelle de confiance (cf. Nouvelle Charte des Opérateurs de Santé (2016), n. 4). Il s’agit donc d’établir un pacte entre ceux qui ont besoin de soin et ceux qui les soignent ; un pacte fondé sur la confiance et le respect réciproques, sur la sincérité, sur la disponibilité, afin de surmonter toute barrière défensive, de mettre au centre la dignité du malade, de protéger la professionnalité des agents de santé et d’entretenir un bon rapport avec les familles des patients.
Cette relation avec la personne malade trouve précisément une source inépuisable de motivation et de force dans la charité du Christ, comme le démontre le témoignage millénaire d’hommes et de femmes qui se sont sanctifiés en servant les malades. En effet, du mystère de la mort et de la résurrection du Christ jaillit cet amour qui est en mesure de donner un sens plénier tant à la condition du patient qu’à celle de ceux qui prennent soin de lui. L’Évangile l’atteste de nombreuses fois, en montrant que les guérisons accomplies par Jésus ne sont jamais des gestes magiques, mais toujours le fruit d’une rencontre, d’une relation interpersonnelle où, au don de Dieu offert par Jésus, correspond la foi de celui qui l’accueille, comme le résume bien la parole que Jésus répète souvent : « Ta foi t’a sauvé ».
5. Chers frères et sœurs, le commandement de l’amour que Jésus a laissé à ses disciples se réalise aussi concrètement dans la relation avec les malades. Une société est d’autant plus humaine qu’elle prend soin de ses membres fragiles et souffrants et qu’elle sait le faire avec une efficacité animée d’un amour fraternel. Tendons vers cet objectif et faisons en sorte que personne ne reste seul, que personne ne se sente exclu ni abandonné.
Je confie toutes les personnes malades, les agents de santé et ceux qui se prodiguent aux côtés de ceux qui souffrent, à Marie, Mère de miséricorde et Santé des malades. De la Grotte de Lourdes et de ses innombrables sanctuaires érigés dans le monde entier, qu’elle soutienne notre foi et notre espérance et qu’elle nous aide à prendre soin les uns des autres avec un amour fraternel. Sur tous et chacun, je donne de tout cœur ma Bénédiction.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 20 décembre 2020, quatrième dimanche de l’Avent.
François
Les conditions sanitaires de permettent pas d’organiser en février une rencontre diocésaine. Une journée sera prévue un samedi de mai ou juin avec Mgr Jacques Blaquart sur le thème de la solidarité.
Evangile de la messe du dimanche 7 février, au cours de laquelle plusieurs paroisses ont célébré le sacrement des malades :
« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies » (Mc 1, 29-39)
Alléluia. Alléluia.
Le Christ a pris nos souffrances,
il a porté nos maladies.
Alléluia. (Mt 8, 17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm,
Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean,
dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit,
elle avait de la fièvre.
Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha,
la saisit par la main
et la fit lever.
La fièvre la quitta,
et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil,
on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal
ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies,
et il expulsa beaucoup de démons ;
il empêchait les démons de parler,
parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube.
Il sortit et se rendit dans un endroit désert,
et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent :
« Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit :
« Allons ailleurs, dans les villages voisins,
afin que là aussi je proclame l’Évangile ;
car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée,
proclamant l’Évangile dans leurs synagogues,
et expulsant les démons.