Message du Père Benoît Lecomte aux JMJistes du groupe des jeunes professionnels de la province
Vous êtes beaux !
C’est ce que j’essayais de vous dire samedi soir, alors que nous étions enfin arrivés au Campo do Graças, que nous avions déroulé nos duvets au milieu d’un million et demi de jeunes du monde entier, et que la sono nous assourdissait de clips catho.
Vous êtes beaux !
Ce cri du cœur m’est venu au moment de l’offertoire de la messe le matin même. C’était mon cri et ma prière, en présentation des offrandes… c’était mon offrande qui vous prenait, tous, dans un même élan d’action de grâce. A la fin de cette quinzaine, tout prenait sens, tout était là, et tout était offert à Celui que nous avions cherché et à l’invitation de qui nous avions répondu.
Ce cri, cette prière me sont venus en vous contemplant, vous, 15 jeunes composant un groupe improbable, venus vivre cette aventure incroyable que sont les JMJ. Vous êtes beaux parce que chacun de vous a su se dépasser et se laisser déplacer par cette proposition unique en son genre. Plus encore que la proposition et sa pédagogie, chacun de vous, à sa façon, s’est laissé rejoindre par le Seigneur, dans son humanité et dans sa foi. Chacun de vous a découvert quelque chose qu’il n’attendait pas : l’inattendu de Dieu était au rendez-vous, et vous avez su le saisir, l’accueillir, vous en nourrir. De quelle belle disponibilité intérieure êtes vous les témoins ! Pendant ces 15 jours ou cette semaine, nous avons méditer sur la disponibilité du cœur de Marie à l’action du Seigneur, et sans peut-être vous en apercevoir, vous avez adopté les mêmes dispositions que cette grande sœur en humanité et dans la foi. Vous vous êtes laissés ébranler, sans résister, en toute confiance car vous avez une confiance immense dans le Seigneur des Seigneurs que vous cherchez à écouter et à suivre.
Beaucoup d’entre vous sont à un moment charnière de leur vie, portent des questions fortes sur leur vie professionnelle ou affective. Beaucoup doutent, ne savent pas où aller, ce qu’ils doivent faire, « ce à quoi le Seigneur les appelle. » Vous êtes beaux, car vous avez eu la simplicité de déposer ces questions, d’ouvrir votre cœur en toute humilité, sans faux-semblants, sans hypocrisie, sans jeu de rôle, en vérité. La vérité que vous cherchez, pour vous-mêmes et pour le monde. La vérité du sens de cette vie, de votre vie, de la vie du monde, de la vie de l’Eglise, et de votre vie dans le monde et dans l’Eglise. Cette humilité rappelle celle de Marie. Une humilité ouverte. Disponible. Accueillante. Tout à la fois joyeuse et inquiète, mais d’une inquiétude sereine parce que vous avez fait l’expérience de la confiance et de la force de la foi.
Pour ma part je n’ai été que le dépositaire de vos questions, essayant, peut-être parfois maladroitement, de vous permettre de faire vous-mêmes votre chemin.
Ce chemin, je vous ai vu le parcourir le cœur et les yeux grands ouverts, de la curiosité de ceux qui se nourrissent de la présence et de la bonne nouvelle des autres. C’est par eux que vous avez suivi le Seigneur, en plus des temps de prières, de célébrations, et même de silence malgré la foule incessante. C’est le cœur grand ouvert que vous avez marché, et marché encore dans les rues de Lisbonne, plus encore qu’à la recherche d’un restau : à la recherche d’une nourriture plus belle et plus profonde, qui nourrit réellement celui et celle qui la trouvent.
Vous êtes beaux individuellement, et je rends grâce pour la rencontre avec chacun d’entre vous. Et vous êtes beaux collectivement. Vous 15, et avec le million et demi des autres jeunes venus prier, louer et se laisser toucher avec vous. Vous êtes beaux dans cette simplicité de la rencontre que seule la jeunesse sait vivre avec une telle intensité. Vous êtes beaux parce que vous savez passer au-dessus de toutes les considérations politiques, économiques, religieuses, pour entrer en dialogue et en échange avec cet autre à côté de vous, curieux de ce qu’il est, de ce qu’elle est, de ses rêves et de ses contraintes, porteurs ensemble d’un même désir de fraternité universelle, de paix mondiale, de communion humaine. Vous êtes beaux, quand des Texans et des Mexicains chantent ensemble « Ressuscito », que des Ukrainiens et des Russes partagent la même eucharistie, que des jeunes du Nord et du Sud, des riches et des pauvres, des engagés et des éloignés de l’Eglise font ensemble la fête jusqu’au petit matin. Vous êtes beaux parce que vous n’êtes pas le futur de l’Eglise ou de l’humanité, vous en êtes le présent, vous en êtes le Présent. Votre style de vie, celui que nous avons déployé ensemble pendant ces JMJ, montre que l’espérance qui nous habite n’est pas un rêve lointain et inaccessible : elle est là, elle peut se vivre dans notre quotidien, elle est une conversion intérieure qui ne demande pas tant d’effort que cela, et qui transforme le monde. Merci à tous, à vous 15 et au million et demi de jeunes, d’avoir posé ce signe joyeusement, sans calcul ni arrière-pensée, simplement dans la vérité de ce que vous portez en vous-mêmes. Le monde entier vous a regardé à travers des milliards d’écrans, nul doute que le signe vous dépasse, mais il est là et il porte du fruit, nous pouvons en être sûrs.
Ce pèlerinage n’était pas une parenthèse, comme certains pourraient le croire ou le craindre. Il était un révélateur. Un révélateur de tous les possibles, un révélateur de confiance et de joie, un révélateur de l’Amour du Seigneur qui conduit son Peuple, tout son Peuple et chacun de nous, de vous. « Lève-toi », avons-nous chanté sur tous les airs et dans toutes les langues. Après ce pèlerinage et j’espère quelques temps de repos, lève-toi encore ! La marche et ton chemin continuent. Vis de ce que tu as reçu, de ce que nous avons reçu.
Et soit sûr de ma prière, qui continue de te porter, de vous porter tous, riche de la beauté que vous avez manifestée.
P. Benoît Lecomte
Le 7 août 2023, au retour de Lisbonne
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