Le temps liturgique du Carême commence par l’imposition des Cendres…
Le temps liturgique du Carême commence par l’imposition des Cendres…
…et par ces paroles que peut dire le célébrant : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Pour ne pas faire trop peur ou ne pas heurter les sensibilités, l’autre formule proposée est souvent préférée : « Convertis-toi et crois à l’Evangile ».
Pourtant, ces deux formules nous donnent de manière complémentaire le sens même du Carême : son orientation et sa signification. Mort et Résurrection sont annoncées.
La foi est lumière, elle qui nous ouvre un chemin de Vie et nous sommes tout tendus par la plénitude de la vie divine. Cet objectif n’est pas le terme d’une vie terrestre où il suffirait d’attendre pour y parvenir. L’objectif est atteint par un chemin de purification et de pénitence qui laisse place au jaillissement de la source par l’exercice de notre liberté.
Pour atteindre cet objectif, l’attitude de fond qui convient est l’humilité, une humilité de fait, car nous le savons : toute vie doit finir et nul ne peut ajouter un seul jour à son existence terrestre. Notre orgueil à vouloir tout maîtriser s’effondre devant un petit virus, nos idéologies même bienveillantes ne tiennent pas devant l’actualité qui nous rattrape par la réalité des catastrophes naturelles et des nombreuses menaces, qu’elles soient écologiques, armées ou sociales. « Je ne suis que poussière » et aucun tyran de la planète, qu’il soit chef d’état ou domestique ne peut y échapper, alors qu’il se comporte avec l’illusion d’être puissant et immortel.
« Vous ne mourrez pas, vous serez comme des dieux ! » : c’est par ce mensonge que le démon a piégé Adam et Eve et nous reproduisons le péché originel à chaque génération.
En ce Carême 2023, nous nous rappelons cette vérité : je suis sorti de la poussière et j’y retourne. Pourtant ma foi me fait croire que le Salut m’est offert, ce qui ne supprime pas les épreuves mais remplit tout de la présence sanctifiante de Dieu. Je suis éternel mais pour le devenir, je dois mourir à moi-même, à mes prétentions orgueilleuses, à mon désir de briller ou d’être supérieur.
Notre année diocésaine est dans l’axe missionnaire du ressourcement. Commençons par reconnaitre ensemble notre néant pour nous émerveiller encore plus du don de la vie qui est temporaire ici-bas avec une puissance d’éternité. Ensemble, nous voulons nous laisser guider par la bonne nouvelle de Jésus Christ. Ce don est sans proportion avec nos mérites mais un fruit de la miséricorde de Dieu.
Les cendres sont le signe fort dont nous sommes marqués et qui nous accompagnera tout au long de ce Carême où nous voulons laisser la vie divine nous surprendre et nous émerveiller.
« Hors de moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 17. Voilà la réponse que Jésus nous fait en réponse à cette humilité de fait : nous sommes poussière. Oui !.. mais Dieu est tout puissant et la vie jaillit du tombeau. Avec les cendres de mercredi, nous marchons avec l’assurance de la lumière de Pâques. En avant ! avec une humilité de cœur : « Seigneur, je ne suis pas digne mais dis seulement une parole et je serai guéri ».
Joyeux Carême !
+ Mgr Hervé Gosselin,
Angoulême, le 22 février 2023
Laisser un commentaire