Homélie de Mgr Gosselin lors de la messe d’action de grâce pour le pape Benoît XVI

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Publié le 6 janvier 2023

4 janvier 2023. Cathédrale d’Angoulême

En cette première semaine inaugurale, dans le 1er chapitre de l’Évangile de Saint-Jean, Jésus appelle ses apôtres, avec une mission toute particulière pour Pierre d’être et de devenir la pierre sur laquelle va s’édifier l’Eglise. C’est un appel de Dieu, nominatif et décisif. Ainsi le ministère pétrinien participe au socle d’édification de l’Eglise. C’est une mission qui se déclinera selon l’Evangile comme un service et un don de soi, avec le souci de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

C’est un réel pouvoir qui est donné à Pierre dès son appel, plus tard en recevant les clés que Jésus lui donnera, encore plus tard après la résurrection de fonder son ministère sur une alliance d’amour avec Jésus Ressuscité. « Pierre m’aimes-tu plus que ceux-ci ? alors pais mes agneaux… » et Pierre s’entendra dire : « lorsque tu seras vieux quelqu’un te mènera là où tu ne veux pas aller ».

Ce que Pierre a entendu est valable pour les successeurs de Pierre qui se suivent et ne se ressemblent pas sauf dans ce même amour du Christ, cet amour de l’Eglise et cette volonté de servir en donnant leur vie, tout en se laissant conduire par l’Esprit-Saint pour conduire le Peuple qui leur est confié.

C’est ainsi que le Cardinal Joseph Ratzinger à 75 ans avait projeté de retourner chez lui en Allemagne pour se donner à sa passion de la théologie, tout en vivant en famille avec son frère, avec du temps pour jouer du piano et s’occuper de son chat ! Un homme somme toute ordinaire. Voici que le théologien reçoit la charge de berger universel de l’Eglise qu’il exercera pendant 8 ans avant de devenir émérite.

Nous rendons grâce pour ce bon berger qui a su nourrir les brebis avec la nourriture abondante de sa réflexion sur Dieu, sur le rapport au monde, sur l’unité de l’Eglise. Ce que son prédécesseur avait pu dire dans Fides et Ratio et pour lequel il avait sans doute collaboré, a été vécu pleinement par Benoit XVI. « La foi et la raison sont les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité ». Nul doute que Benoit XVI était un mystique toujours en recherche, assoiffé de vérité. « N’approche pas : cette terre que tu foules est une terre sainte. » (cf Ex 3,5).

« Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14,6) dit Jésus et les disciples cherchent à le connaitre toujours davantage dans une recherche passionnée et infinie. L’Esprit Saint a mis au cœur de l’homme le désir de connaitre la vérité et au terme, de Le connaitre lui-même, afin que Le connaissant et L’aimant il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même … C’est cette voie que Benoit XVI a su développer pour nous au seuil du troisième millénaire en nous offrant ce magnifique triptyque de 3 encycliques traitant des trois vertus théologales : foi, espérance et charité.

DEUS CARITAS EST (Dieu est amour, 2005). La FOI : ce qu’est Dieu pour l’humanité dans l’histoire du salut. « Comme Dieu nous a aimé le premier, l’amour n’est plus seulement un commandement, mais il est la réponse au don de l’amour par lequel Dieu vient à notre rencontre »

SPE SALVI (Sauvés par l’Espérance, 2007) en lien avec la foi. « Nous sommes sauvés en espérance et le but du chemin nous fait supporter un présent parfois pénible ». La prière est l’Espérance en acte.

CARITATIS IN VERITATE (La charité dans la vérité, 2009) reprend les sujets sociaux et du développement durable dans le respect de la dignité humaine. « L’amour est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. »

S’ajoutent ses exhortations apostoliques :

– Sacramentum caritatis sur l’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise (2009)

– Verbum domini (2010) sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise

– Africae munus (2011) sur l’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.

– Ecclesia in medio oriente (2012) sur l’Eglise au Moyen Orient, communion et témoignage

La théologie pour être dans la vérité et chrétienne se vit à genoux et dans l’adoration. « L’Ecriture est l’âme de la théologie » et une théologie reçue de l’Ecriture et lue dans la Tradition peut offrir une mise en lumière pour notre époque.

En 1969, le Père Joseph Ratzinger prophétisait sur l’avenir de l’Église. Ses propos sont d’une troublante réalité :

« Pour moi, il est certain que l’Église va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin : une Église, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Église de la foi. Il est fort possible qu’elle n’ait plus le pouvoir dominant qu’elle avait jusqu’à maintenant, mais elle va vivre un renouveau et redevenir la maison des hommes, où ils trouveront la vie et l’espoir en la vie éternelle. »

« Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Église viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas de ceux qui s’accommodent sans réfléchir du temps qui passe, ou de ceux qui ne font que critiquer »

« L’Église de demain […] aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. »

« Ce qui restera, c’est l’Église du Christ… »

(Interview du 25.12.1969 sur la radio Hessische Rundfunk dans J. RATZINGER, Foi et Avenir, Mame 1971, p.111-130)

Les Papes passent, les évêques aussi, nous ne faisons tous que passer et nous contribuons chacun à notre place au bien commun.

Et nous nous attachons au Seul qui demeure : le Christ Roi de l’Univers, Sauveur de tous les hommes.

+ Mgr Hervé Gosselin

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