À l’occasion du 120ᵉ anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, adoptée le 9 décembre 1905, une matinée d’échanges autour de la laïcité s’est tenue à La Couronne, à l’initiative de la préfecture de la Charente, en présence des représentants des cultes du département .
À l’occasion des 120 ans de la loi de séparation des Églises et de l’État, la préfecture de la Charente a organisé à La Couronne une matinée d’échanges autour de la laïcité. La forte affluence témoignait de l’intérêt et de l’engagement des participants : représentants des cultes, associations, jeunes, élus et acteurs institutionnels étaient réunis pour réfléchir ensemble à ce que signifie faire vivre la laïcité aujourd’hui.
Cette rencontre a permis de croiser les regards, d’échanger en profondeur et de rappeler le sens fondamental de la laïcité dans la société française contemporaine.
Trois tables rondes ont structuré la matinée, permettant de croiser les regards et les expériences autour de grands enjeux contemporains :
la liberté de conscience, la place des religions dans l’espace public et la transmission des valeurs républicaines auprès de la jeunesse.
La laïcité, un cadre de liberté et de protection
Plusieurs intervenants ont rappelé que la laïcité est avant tout un cadre commun garantissant la liberté de chacun. Elle permet de croire ou de ne pas croire, tout en assurant l’égalité de tous devant la loi.
Pour Gérard Benguigui, président de l’association juive d’Angoulême et de Charente, la laïcité joue un rôle essentiel de protection, en particulier pour les minorités. Elle empêche que la loi du plus fort ne s’impose et permet à chacun, y compris aux plus discrets ou aux moins nombreux, de trouver sa place dans la société. Préserver ce cadre commun est donc un enjeu majeur pour la cohésion sociale.
Laïcité et pratique religieuse : un équilibre à tenir
Les représentants des cultes ont souligné combien la laïcité, lorsqu’elle est bien comprise, n’est pas un obstacle à la foi mais un espace de coexistence pacifique.
Kader Bouaza, président du Conseil régional du culte musulman, a rappelé que la laïcité n’est pas à adapter aux religions, mais qu’elle constitue un cadre que chacun est appelé à respecter. Selon lui, elle permet justement à chacun de pratiquer ou non sa religion librement, dans le respect de la République et sans tensions entre les cultes.
Pour Cyrille Payot, pasteur de l’Église protestante unie dans le Cognacais, vivre sa foi dans un contexte laïque ne signifie pas chercher à convertir l’autre. Il a insisté sur l’importance du témoignage par les actes, de l’engagement au service de la société, comme prolongement naturel de la foi, sans prosélytisme.
La contribution de l’Église catholique
Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême, a pour sa part rappelé la nécessité de ne pas confondre laïcité et laïcisme. La laïcité ne signifie pas l’effacement du religieux de l’espace public, mais la garantie de la liberté de conscience et de la liberté religieuse, dans le respect de l’ordre public et du cadre légal.
Il a souligné que la neutralité de l’espace public n’implique pas une uniformité des personnes : chacun demeure porteur de convictions, visibles ou non, dès lors qu’elles ne sont ni ostentatoires ni imposées. La loi de 1905 rappelle ainsi un droit fondamental, précieux pour la vie démocratique.
La jeunesse au cœur de la transmission
La question de la transmission des valeurs républicaines a occupé une place centrale dans les échanges. L’importance de l’éducation a été largement soulignée, dans un contexte marqué par les atteintes aux principes de la laïcité. Le nom de Samuel Paty a été évoqué avec émotion, rappelant la nécessité de poursuivre ce travail éducatif avec vigilance et engagement.
La matinée s’est conclue par la représentation de la pièce « Laïcité mon (petit) amour », interprétée par les collégiennes et collégiens de Chalais. À travers un jeu sensible et engagé, ils ont abordé les questions de discriminations et de respect des différences, offrant un témoignage fort et porteur d’espérance. Leur parole a rappelé combien les jeunes savent poser des questions justes et essentielles.
Faire vivre l’esprit républicain
Cette matinée a montré combien le dialogue entre les cultes, les institutions et la société civile est indispensable pour faire vivre la laïcité dans son esprit originel.
En continuant de dialoguer, d’écouter et de chercher ensemble, c’est l’esprit républicain qui se construit et se renouvelle.







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