Diaconia, 10 ans après : quel héritage ?

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Publié le 26 mars 2024

Le conseil diocésain de la Solidarité s’est réuni le mercredi 24 janvier pour s’interroger sur l’héritage de la démarche Diaconia (2013) : quel héritage pour un vivre en fraternité avec les plus fragiles, en Eglise ?

En 2013, la démarche « Diaconia » visait à permettre à chacun de se découvrir frère et sœur de tous, dans une attitude de dialogue et d’ouverture avec la société. Elle appelait les communautés chrétiennes à vivre davantage la fraternité et l’espérance avec les personnes en situation de fragilité, et à recevoir d’elles.

« La diaconie n’est pas une organisation mais un esprit à vivre, à expérimenter. Oui, nous le croyons, Jésus le Christ se révèle dans le service et l’écoute des personnes les plus démunies […] La diaconie n’est pas une activité de plus mais une attitude qui laisse la parole à l’autre car nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager ! »

Servir le Frère / Le journal de la Diaconie du diocèse d’Annecy – mai 2023 / L’ÉDITO (Daniel Pignal Jacquard, Diacre)

Diaconia invitait à vivre ce partage tout particulièrement dans une démarche de foi autour de la Parole de Dieu. Depuis de nombreuses expériences ont essaimées et se sont installées dans le « paysage » des diocèses français, par exemple à travers le réseau St Laurent. Les témoignages montrent que, là où cela s’expérimente, « nous ressentons la joie du vivre ensemble, la joie de découvrir que chaque personne en situation de fragilité peut avoir une parole qui nous transperce et éclaire nos vies ». Même si, a priori, il n’y a pas eu de telles initiatives dans notre diocèse, nous croyons qu’au long de ces dix années, « l’esprit Diaconia » a doucement « infusé » dans nos perceptions et nos pratiques. Mais dans quelle mesure ?

Convertir notre regard sur les pauvres, nos frères

La pauvreté dont il est question ici, souvent plutôt désigné par la grande précarité, est avant tout la pauvreté qui « cumule » les manques au plan des besoins fondamentaux (matériel, social, culturel, santé…). Cette précarité est souvent invisibilisé plus ou moins consciemment dans notre société car c’est dérangeant ; les plus pauvres de notre société sont mis à part, ils vivent plutôt dans certains quartiers, fréquentes certains commerces et associations et on ne les croisera pas dans d’autres endroit où ils ne se sentent ni à l’aise ni bien venus… Le seul « lieu » où tout le monde se croise reste la rue, mais se croiser ce n’est pas se rencontrer, on ne voit vraiment que ceux que l’on connaît… Si bien que qu’on pourrait facilement « oublier » les plus précaires, en tout cas faire comme si.

Du coup, notre vision de la pauvreté est chargée de fausses idées toutes faites. On est sur le jugement, comme si, parce que les personnes manquent de beaucoup de choses, n’ont pas le vocabulaire, alors elles n’auraient rien à partager que nous n’ayons pas déjà, ni la capacité de réfléchir, de cheminer, de comprendre. Créer la possibilité de se rencontrer est fondamental, c’est là que les représentations et les préjugés tombent, que l’autre peut être reconnu dans sa dignité et sa parole trouver une valeur.

Éléments de réflexion sur l’héritage de Diaconia dans l’Église de France

Le rassemblement Diaconia a eu lieu lors de l’Ascension 2013 à Lourdes. Il avait été préparé pendant deux ans et a rassemblé 12000 personnes dont 3000 en grande précarité. Un évènement qui a surpris, comme si ses initiateurs avaient été débordés, notamment par les prises de parole des personnes marquées par la grande précarité. On y est entré dans la manière du Christ d’être avec les plus pauvres. Deux éléments marquant : le Livre des merveilles et des fragilités ; le groupe « Place et parole des pauvres ».

Le livre des merveilles et des fragilités 

Il ressort que les très pauvres sont révélateurs des failles dans l’Église, ils ne craignent pas de pointer nettement ce qui va mal : défaillance dans l’accueil, absence d’attention, risque d’oublier les pauvres. Ils pointent qu’ils ont besoin d’un accueil spécifique, qui les accepte tel qu’ils sont, avec bienveillance. L’Église est renvoyée dans sa responsabilité évangélique d’aller vers les pauvres.

Place et parole des pauvres 

Ce groupe développe une manière d’être ensemble qui fait passer d’une charité volontariste à la joie de la fraternité. Dans un rapport au temps différent, car les pauvres ont besoin de plus de temps pour entrer dans la confiance, exprimer leur pensée, comprendre les processus. Mais quand on prend le temps, la parole peut advenir y compris quand on partage autour d’un texte d’Évangile ou sur la vie en paroisse par exemple. Une parole vraie, sensible, juste, surgie d’un échange fraternel, attentif, patient. Ils invitent à inverser les choses, en mettant d’abord la fraternité. L’Église a à recevoir des plus vulnérables pour trouver son chemin.

Quels sont les fruits de Diaconia pour aujourd’hui ?

En France, il y a eu l’apparition de nouveaux mouvements et groupes : expansion du réseau St Laurent, des services diocésains spécifiques, deux jours de travail avec les évêque en 2022… Le pontificat de François concomitant a invité les chrétiens, dans les diocèse, à aller aux périphéries, à faire grandir l’attention aux pauvres.

Cependant la « cueillette » est plus mitigée en ce qui concerne les paroisses. Il arrive que l’on trouve une diaconie diocésaine mais le tissus paroissial est très peu concerné, car surtout centré sur l’annonce et la célébration de la foi, déléguant aux associations spécialisées la part de la proximité avec les pauvres. D’autre part, les pauvres craignent d’être jugés par les paroissiens et le prêtre, du fait qu’ils sont différents, qu’ils n’ont pas la même facilité et se sentent handicapés ; chacun se retranche dans sa « zone de confort ». Or l’Église ne sera synodale que si elle n’oublie personne. « Les pauvres font œuvre de révélation au sein de nos communauté, ils y exercent une forme de diaconie de la vérité… ». Les personnes en grande précarité partagent aux autres des dons offerts par l’Esprit à ceux qui vivent aux marges et font goûter des expériences inouïes…

Pour poursuivre notre recherche, le conseil de la solidarité va lancer une enquête auprès des paroisses du diocèse pour connaître toutes les expériences et initiatives dans l’esprit de Diaconia.

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Une réponse sur « Diaconia, 10 ans après : quel héritage ? »

J’effectue la diffusion d’un livre dans les diocèses de France. On le trouve sur mon site
https://auteurs.harmattan.fr/charles-hussy
Comment puis-je obtenir les adresses courriels des prêtres, diacres et laïcs engagés ?
Meri

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