Ce 30 septembre, le plasticien Jean-Michel Othoniel révèle le trésor de la cathédrale d’Angoulême après plus de huit ans de travaux. Découvrez des images de ce trésor ouvert au public à partir de début novembre.
La Direction Régionale des Affaires Culturelles de Poitou-Charente a engagé en 2007 la restauration de la cathédrale d’Angoulême. Le programme ambitieux a consisté à restaurer l’état néo-roman de cet édifice très remanié au XIXe siècle par Paul Abadie, l’architecte angoumoisin du Sacré Coeur à Paris.
La DRAC a souhaité réunir et présenter au public dans de nouveaux espaces dédiés une partie des collections d’objets liturgiques du diocèse d’Angoulême datant de cette époque méconnue de l’histoire de l’art.
Le projet a été intégralement financé par des fonds publics et du mécénat.
Au regard de la spécificité de la collection et des espaces pouvant être aménagés dans la Cathédrale, une commande publique artistique, soutenue par le mécénat d’ENGIE (1), à été engagée auprès de Jean-Michel Othoniel. L’artiste, dont la dimension auratique de l’œuvre est parue évidente, a travaillé plus de 10 ans à la réalisation de cette commande unique, n’ayant de cesse de lier art contemporain et Histoire.
« J’ai voulu que l’on retrouve au XXIe siècle, le sentiment d’émerveillement que pouvait procurer un trésor à l’époque de la construction des cathédrales. Un Trésor qui fasse rêver, où le visiteur se retrouve lui-même au centre d’une châsse monumentale – Jean-Michel Othoniel »
Ces deux dernières années, trois salles à ce jour inconnues du public et non consacrées, ont été aménagées pour recevoir cette collection d’objets d’art liturgique qui témoigne de la ferveur populaire du XIXe. Construisant un univers fortement personnel, l’artiste a entièrement transformé l’espace. Puisant son inspiration dans les couleurs et les entrelacs géométriques de l’art roman, Othoniel a réuni autour de lui de nombreux savoir faire et artisans. Il a dessiné de nouveaux motifs pour les sols et les revêtements muraux, créé de gigantesques vitraux tout en nuances de bleu, pareils au manteau de la Vierge. Un extravagant mobilier de perles va accueillir le trésor et la statuaire. Réalisée avec le concours des monuments historiques, cette œuvre d’art total répond aux contraintes d’une conservation exigeante. L’artiste
magnifie ici l’idée du décoratif et du théâtral. Créant un parcours en trois stations, de l’intime au sublime, il replace l’homme, l’universel et la question du sacré au centre du Trésor.
Jean-Michel Othoniel :
« En plaçant le visiteur dans un espace conçu comme une grande chasse reliquaire, Jean-Michel Othoniel pose la question du mystère de la foi, de la ferveur ou de la passion et vient poser le regard nécessaire sur le rapport qu’entretiennent avec leur fonction ces objets et ces séries, qui sont aussi des œuvres. La force de la proposition au-delà de son écriture et des arts décoratifs propres au XIXe siècle qui y sont mobilisés réside également dans le choix des œuvres, leur accumulation et le caractère systématique de certains éléments du décor, comme les motifs du papier peint ou du sol. L’œuvre qui est aussi une proposition scénographique réhabilite la puissance artistique de ce premier art de masse ; et au-delà, c’est le statut de l’objet œuvre d’art en série et le rapport à l’universel qui est posé.
Jean-Michel Othoniel révèle cette valeur supérieure, et nous interroge aussi sur ce mystère que sont les œuvres : produits de l’histoire humaine mais en même temps qui perdurent au-delà, par leur puissance à interroger les hommes. »
Pierre Cazenave
Jacques Sauquet, de la commission diocésaine d’art sacré, raconte les débuts du projet
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(1) note : Aucun financement n’a été apporté par le diocèse d’Angoulême.
Le trésor de la cathédrale : du Beau au service du Vrai, un texte de Mgr Hervé Gosselin
Pour vous donner envie de visiter le trésor de la cathédrale, découvrez-en quelques photos