Paroles du Conseil diocésain de la solidarité réuni en novembre 2022.
La Charente est un département dont une large part du territoire est rural. Notre campagne charentaise est belle, beaucoup de natifs souhaitent continuer à y vivre, garder vivants le lien à la terre et à la famille. D’autres viennent s’y installer et profiter de sa douceur. Cependant la pauvreté est une réalité. C’est pourquoi le conseil de la solidarité a souhaité se pencher durant sa rencontre de novembre 2022 sur la spécificité de la précarité et de la solidarité en monde rural. Cet article se fait écho de quelques points important de notre échange.
Nous repérons deux grands maux qui se nourrissent l’un l’autre dans le monde rural charentais et peuvent accentuer les précarités :
- l’isolement. Cet isolement entretient le sentiment d’être “oubliés du système”, une forme de complexe vis à vis de la ville, le poids de la distance kilométrique pour toute démarche et de la fracture numérique…
- les peurs, qui peuvent nourrir rancœur, ressentiment voir xénophobies… Peur de l’autre différent, méfiance envers les citadins, peur des changements…
En élargissant le regard au monde, nous avons été également frappés par la question de la faim qui est en recrudescence : 1/3 de la population mondiale est aujourd’hui en insécurité alimentaire dont 60% de petits paysans familiaux (!)…
Dans ce contexte l’action des chrétiens à travers diverses missions et organismes doit se situer dans un “aller vers“: aller à la rencontre, sortir de chez soi pour écouter, dialoguer, se connaître, permettre que des liens se nouent et que s’élargisse le regard. En ce sens l’initiative du Secours Catholique avec le fraterniBus qui sillonne la Charente limousine est très encourageante ! Il crée du lien social, suscite un dynamisme et des initiatives dans les petits villages.
Nous notons aussi que le rapport à la terre, la cultiver, crée un lien charnel, porteur de vie et d’espérance. Ce rapport à la terre pourrait être comme un dénominateur commun qui relie sans qu’ils en aient conscience des populations qui se connaissent mal et ont de la méfiance les uns pour les autres : les ruraux charentais “nées là”; les migrants qui souvent, en découvrant nos campagnes, ont comme une “illumination” de retrouver la possibilité de cultiver la terre (comme ils l’ont connu avant de partir de leur pays d’origine) ; des personnes cabossées par la vie comme au village St Joseph découvrent aussi un bol d’air et un sens à cultiver, s’occuper du poulailler… qui les épanouissent. En ce sens, les initiatives de jardins partagés (par ex. le Secours Catholique en porte déjà deux tandis que deux autres sont en projets) sont fragiles, elles demandent du travail mais elles tiennent car le rapport à la Création est porteur, ouvre un avenir.
A la suite de notre travail, nous souhaiterions confier à la prière des charentais quelques pistes ou sujets pour des intentions portées dans les prières universelles du dimanche ou lors des célébrations de semaine :
- les personnes qui dans le rural souffrent de l’isolement et d’un sentiment de déclassement et tous ceux qui se mobilisent pour aller à leur rencontre
- les belles initiatives qui contribuent à valoriser le bien-vivre ensemble en rural et à faire vivre ces territoires
- le milliard de personne dans le monde qui souffre de la faim chaque jour et au delà le tiers de la population mondiale qui est en insécurité alimentaire
- la forêt amazonienne et ses populations précaires victimes de la déforestation massive
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