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L’Evangile de ce 3ème dimanche de Carême nous rappelle à la fois l’urgence de la conversion et à la patience infinie de Dieu.
A travers la parabole du figuier stérile, Jésus illustre la Miséricorde qui accorde un temps supplémentaire pour porter du fruit. Il ne se lasse pas d’attendre notre retour vers Lui.
Dans l’épisode du buisson ardent, Dieu nous a révèlé son nom “JE SUIS” … que l’on peut décliner aujourd’hui par “JE SUIS AVEC VOUS TOUS LES JOURS” l’Eternel Présent, le Vivant quels que soient les évènements présents ou à venir.
Lectures du jour
Homélie du Père Denis
« Il nous aime, Il nous espère, et Il nous veut vivants ».
Voilà un Évangile très risqué, pour le prédicateur : on peut, en effet, y comprendre tout et son contraire.
Vous avez entendu : il y a eu deux catastrophes. Cette tour à Jérusalem, très admirée, qui s’effondre sur des gens, (dix-huit morts) et puis, des pèlerins qui se font massacrer.
Cela me fait penser à une de mes grands-mères qui avait été très choquée parce qu’un pont s’était effondré, au début du siècle dernier, pendant une procession. Il y avait eu des morts. Une procession du Saint Sacrement et puis le pont s’effondre !
Ces faits peuvent être interprétés de deux façons : soit « ce n’est pas juste » ou alors : « qu’est-ce qu’ils avaient bien fait pour que le pont s’effondre pendant la procession du Saint Sacrement » ? Jésus dit : ” Mais, vous n’y comprenez rien, ça n’a rien à voir ».
D’ailleurs, avec l’aveugle né, (vous vous souvenez), on pose la question “est-ce que ce serait lui ou ses parents qui auraient péché pour qu’il soit aveugle ?”. Pas du tout, ce n’est pas du tout le sujet, qu’est-ce que vous racontez !
En fait, les gens qui viennent trouver Jésus pour Lui parler de cette catastrophe avec ces Galiléens, se disent : “Nous, il ne nous arrive pas de catastrophe, donc on doit être du bon côté de l’histoire ! ». Ils se sentent être bien puisqu’ils n’ont pas eu de tour qui leur est tombée sur la tête et qu’ils ne se sont pas fait massacrer, en venant voir Jésus. Ils s’estiment donc être des gens très bien !
Quelle conception et quelle image de Dieu ! Dieu n’est pas comme cela, Dieu n’est pas vengeur, Dieu n’est pas comme nous, à vouloir régler nos comptes. Dieu est tout à fait Autre !
Donc, Jésus démonte complétement les idées que l’on peut avoir sur Dieu, du genre : “l’œil était dans la tombe et regardait Cain ». Ce n’est pas le Dieu chrétien, pas du tout, car Dieu est Miséricorde, Dieu est Tendresse.
Mais, après, Jésus semble dire tout et son contraire par cet avertissement : si vous ne vous convertissez pas, il vous arrivera pire ou à peu près la même chose.
Mais, en fait, Jésus ne parle pas de la même chose. De quelle mort parle-t-Il ? Il nous parle d’une mort de l’âme. Si on ne se tourne pas vers la Source de tout Amour, on va se dessécher. Si vous arrêtez de respirer, vous pouvez tenir quelques minutes, mais il vaut mieux que cela ne dure pas trop longtemps. Si vous arrêtez de boire, ce n’est pas bon non plus.
Si on arrête de respirer l’Amour qui est gratuit, qui vient de Dieu, on risque de se dessécher et notre cœur profond risque de se recroqueviller. C’est de cela dont Jésus parle, c’est de cette mort, c’est-à-dire de ce dessèchement intérieur qui fait qu’on n’est plus pleinement vivant. L’important est d’être vivant, dès maintenant, ici, aujourd’hui.
Cette mort dont Il parle, c’est une mort de l’âme, une mort du cœur et, on vit tellement « réduit » que, finalement, on peut se poser la question : est-on vraiment vivant ?
Le Christ nous appelle à vivre comme Lui. Il se tourne en permanence vers son Père qui le fait vivre. Jésus se retire dans la nuit ou le petit matin pour aller se ressourcer. On l’entend, dans l’Évangile de Jean, en prière, et, dans l’Evangile de Luc, on le voit souvent qui se retire.
Cette semaine, nous avons eu la joie de commencer la méditation, jeudi soir. Même si certains ont dit que vingt minutes en silence sans bouger, c’est dur, notre petit groupe de 14 personnes a essayé de se tourner, ensemble, vers la Source.
Ce soir, nous venons ensemble pour écouter la Parole, pour vivre l’Eucharistie, pour nous recentrer ensemble, pour devenir vivants et rencontrer le Christ, Dieu avec le Christ dans l’Esprit. Cette rencontre se vit dans la prière, dans la Parole, dans l’Eucharistie et à tous les coins de rue, dans les pauvres, dans ceux qui se tournent vers nous, qui attendent un regard, un geste.
Le Seigneur est là dans la Communauté quand nous avons la joie de nous retrouver : Il est là au milieu de nous.
Donc, le Christ nous dit ce soir : « ne soyez pas à moitié vivants, soyez complétement vivants ». C’est bien sur cet appel que nous avons centré notre Carême, en essayant de repérer les signes d’Espérance. Ces signes sont notés sur des papiers de couleur, et, grâce à vous, cet arbre se couvre de feuilles. Continuons à être sensibles à cette présence du Vivant, à travers plein de signes d’Espérance, qui nous sont donnés dans notre semaine !
Nous ne voulons pas être des chrétiens qui ont « des faces de Carême », ou alors, si nous avons une face de Carême, cela doit être une face de Joie parce que nous sommes éclairés de l’intérieur.
Devenir des vivants par grâce, c’est ce que nous propose Jésus. Fuyons tout ce qui nous entraîne à nous recroqueviller sur ce qui n’est pas Vie, sur ce qui n’est pas Amour, sur ce qui n’est pas Paix, afin de sortir de nous-mêmes, pour recevoir la Vie de Lui.
C’est Saint François qui courait dans les rues d’Assise, en pleurant, (il était très émotif) et en disant « L’Amour n’est pas aimé, l’Amour n’est pas aimé ! » ; cela le rendait profondément triste parce qu’il déplorait que les personnes, trop préoccupées par leurs affaires, ne se tournaient pas vers la Source d’Amour qui se propose en Jésus et qui nous dit le nom de Dieu, un Père plein de tendresse, qui nous invite à entrer dans cette fête de l’Esprit. Comme les personnes ne s’ouvraient pas, il pleurait.
Je trouve très belle cette compassion qu’il exerçait aussi envers ses frères.
Que le Seigneur nous donne, « non pas d’être comme les gaulois avec un bouclier sur la tête pour que le ciel ne nous tombe pas sur la tête », comme dans Astérix ! Mais que le Seigneur nous donne de lâcher tous nos boucliers, pour ouvrir les mains, ouvrir le cœur, pour recevoir la Vie, pour être en pleine Vie, en plein Amour, en pleine Paix.
Prions : “Seigneur, vas-y, comble-moi de Ta Vie, de ton Amour”.
En même temps, le Seigneur sait que nous sommes, quelquefois, durs à la compréhension.
Alors, Il nous laisse du temps pour nous ouvrir, de plus en plus. C’est pour cela qu’il y a, dans cet Evangile, l’image du jardinier disant, à propos du figuier : “Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas ». Le Seigneur ne désespère pas de nous.
Je me souviens de l’ancien évêque d’Angoulême, le Père Dagens, quand j’arrivais à la sacristie, à la cathédrale, il se tournait vers moi, il disait « Je vous espérais ».
C’est ce que Dieu nous dit « Je vous espère, Allez-y, venez, venez, venez, je vous espère » et Il nous laisse le temps de venir.
Que le Seigneur nous mette dans cette Joie, dans cette Paix ! Il nous aime, Il nous espère, et Il nous veut vivants.
Prière universelle
A ceux qui cherchent le buisson ardent de ton amour et à ceux que consument des flammes éphémères, à ceux qui consacrent leur leur vie à témoigner de ta présence et à ceux qui font un détour sans pouvoir la trouver, accorde, Dieu de patience, un temps de grâce et d’espérance ;
Nous te prions
A tous les peuples qui, comme les Galiléens, sont victimes d’une violence arbitraire, voient leur pays rongé par des conflits aveugles et sans fin, leurs espoirs brisés, leurs vies dévastées, accorde, Dieu de justice, des frères qui accueillent, des dirigeants qui ouvrent des chemins de paix et de reconstruction ;
Nous te prions
A tous ceux dont la vie a été saccagée par des violences sexuelles ou abus de toutes sortes dans l’Eglise, accorde, Dieu de consolation, la force de se relever en mettant sur leur route des personnes capables de les écouter vraiment, de leur témoigner confiance et tendresse, de leur rendre justice ;
Nous te prions
A nous tous qui poursuivons notre cheminement vers Pâques, aux pères de famille sous le patronage de saint Joseph, aux catéchumènes de notre diocèse, en ces premiers jours du printemps, qui nous parlent de renaissance, accorde, Dieu de tendresse, de nous ouvrir à la lumière de ta grâce et à la force de ton Esprit qui donnent vie et font porter du fruit ;
Nous te prions
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