La bande dessinée chrétienne dévoile ses nouveaux nominés

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L’église Saint Martial d’Angoulême a ouvert ses portes ce jeudi 30 janvier 2020 pour accueillir le 34ème Festival de la bande dessinée chrétienne.

Au-delà des expositions, des animations et des rencontres, la cérémonie de remise des prix à quelques personnes a été centrale pour ce premier jour.

La cérémonie s’est déroulée en présence de Mgr Hervé Gosselin, Evêque d’Angoulême. Un public composite de festivaliers a pris aussi part à cet évènement annuel, avec en bonne place quelques auteurs, dessinateurs et éditeurs. Madame Marie Piton, Présidente de l’association de la BDCA (BD Chrétienne d’Angoulême), ainsi que les membres des jurys chrétiens et œcuméniques ont coordonné cette séance de remise de prix et des allocutions.

Trois prix ont été décernés aux meilleures œuvres. Le Prix international de la BD chrétienne 2020 a été remis à Jean Dufaux et à Martin Jamar pour l’album Foucauld. Elle a été retenue parmi une dizaine d’œuvres sélectionnées « pour sa typologie graphique et psychologique », ainsi que son message de « fraternité de réconciliation, de tolérance et de paix ». Pour le père Michel Manguy, président de ce jury composé de sept personnes, c’est un bon choix parce qu’elle est une « une œuvre exceptionnelle ». En recevant son prix, Martin Jamar a exprimé sa joie. Ce prix est pour lui non seulement « très gratifiant », mais aussi « un honneur ».

Le premier prix du jury œcuménique de la Bande dessinée 2020 est remis à « la Boîte de petits pois » de GiedRé et Holly R chez Delcourt. Le second prix a été une mention spéciale attribuée à « Texaco : et pourtant nous vaincrons » de Sophie Tardy- Jourbert, Pablo Fajaro, Damien Roudreau, aux éditions Les Arènes BD et Amnesty International. Le président du jury en la personne de Jean Pierre Molina a profité pour donner une brève appréciation de ces deux œuvres. « La boite de petits pois » relate l’histoire d’une petite fille de la Lituanie qui vit sous le régime soviétique. Il est évoqué des privations à l’instar de la liberté sous le régime stalinien. Tout dans le texte est « minutieusement calculé ». On y découvre un rapport entre l’humour et le tragique et une « fusion extraordinairement réussie entre la tonalité savamment intime du récit et le caractère forcément apprenti du dessin ». Quant à la deuxième œuvre qui décrit une autre horreur, il est question de la dévastation totale d’une zone de la forêt amazonienne produite par une entreprise de recherche pétrolière qui s’appelait Texaco. Il est question ainsi de la pollution et des déchets toxiques. Une longue procédure judiciaire soutenue par l’avocat Pablo Fajardo conduira à la condamnation du géant pétrolier. Pour le président du jury, c’est un « album absolument indispensable ».

Le jury a retenu aussi quelques œuvres qui méritent des encouragements. Il s’agit particulièrement du « Le loup » de Rochette chez Casterman, « La traversée » de Paurd, éditions 2024, de « j’peux pas, j’ai chimio » de Hoppenot et Brijatoff chez Marabout et d’« Apprendre à tomber » de Michaël Ross, éditions Sarbacane, 2019.
Il faudra par ailleurs bien distinguer le prix de la bande dessiné chrétienne et celle du jury œcuménique. Le jury œcuménique pour Jean pierre Molina ne se cantonne pas à des albums traitant des sujets réputés chrétiens ou racontant la vie des saints ou les aventures des personnages bibliques. Il s’intéresse à toute la production de la bande dessiné. « C’est le regard qui est œcuménique ». Les albums sont choisis d’après leur qualité esthétique et leur impact moral. Ils ne remplacent pas le roman. Mais « ce va et vient entre lecture et images est d’un grand apport ». Pour ce dernier, avec les années, on découvre une abondance en qualité dans la production des albums. Il y a surtout qu’à travers ces œuvres, pour ceux qui s’intéressent à la spiritualité, « c’est lieu où l’invisible habite parmi nous ».

Une part belle a été accordée aussi à des enfants présents sur la scène accompagnés de leur maitresse d’école. A travers une représentation théâtrale et de chant, ils ont porté le message de deux bandes dessinées, celle de saint Philippe Neri et du père Charles de Foucauld. Ils ont décelé chez le premier la joie et l’humour, l’humilité et la charité. Pour ces enfants, il avait le don de réunir autour de lui autant les nobles que les plus pauvres, et une ribambelle de jeunes. Quant au second, ils ont relevé que c’était un homme de lumière qui a choisi le désert. Ces deux messages à son sujet sont sortis de la bouche de ces enfants : « La haine dessèche. Ella a ceci de particulier qu’elle se répand comme la peste et qu’elle attaque l’homme ». Aussi, « je crois en la fraternité universelle. L’amour de Dieu et l’amour de tous les hommes, ce sera cela toute ma vie ».

L’intervention de Mgr Hervé Gosselin a été « un encouragement fervent », mais surtout une fleur symbolique qu’il a bien voulu offrir à tous les festivaliers pour leur participation, en commençant par la présidente et à toute son équipe pour tout ce qui a été fait. Il a remercié les auteurs et les dessinateurs pour tout ce qui transparait comme messages à travers leurs œuvres. Les sujets qu’ils traitent sont très « graves » parce qu’ils attirent notre attention sur l’écologie, les injustices et des drames humains, et qui nous permettent de prendre notre responsabilité.

Pour l’évaluation de ce premier jour du festival, en cette année de la BD, le père Michel Maguy affirme que nous sommes dans la continuité, la fidélité et surtout la nouveauté avec de nouvelles personnes qui viennent. C’est dimanche soir à la fin du festival qu’on pourrait évaluer le succès dans la vente et dans la participation des gens.

P. Jacques Emmanuel